lundi 28 décembre 2009

De la proclamation de Pie XII "vénérable"


Le 19 décembre 2009, le très Saint Père Benoît XVI a proclamé Pie XII "vénérable", ce qui, est-il utile de le rappeler, a déclenché une immense émotion médiatique. La condamnation de cette décision du Vatican semble être quasi unanime.
Mais peut-être serait-il bon de repréciser de quoi il est ici question. Une personne est reconnue "vénérable" par l'église catholique romaine au nom de l'héroicité de ses vertus. Cette reconnaissance est étudiée par la congrégation pour les causes des saints et c'est le Saint Père qui par sa signature valide la proclamation de cette "qualité".
Dans le processus de canonisation, être reconnu vénérable succède au statut de "serviteur de Dieu" et précède la béatification ultime marche vers la dite canonisation.
"L'héroïcité des vertus » désigne les efforts réalisés par la personne en vue de devenir meilleure, d'accueillir la grâce de Dieu, de pratiquer la charité, de se conformer à l'évangile et d'être fidèle à l'Eglise. Il ne s'agit pas ici de se poser la question de l'intercession que la personne aurait pu tenir pour la réalisation d'un miracle.
Avec la béatification, il faudra alors reconnaitre un premier miracle. Puis deux autres supplémentaires devront être versés au procès de canonisation qui peut aboutir (ou pas) à la proclamation de la sainteté.

Il semble que la controverse qui s'est engagée porte davantage sur la perspective de voir Pie XII poursuivre le chemin vers la béatification et la canonisation plutôt que sur la seule annonce du Vatican, la proclamation de sa "vénérabilité". Soit. Emballement médiatique et de l'opinion ?
Et pourquoi cette polémique est-elle si intense ? Revenons en quelques mots sur le parcours de Pie XII. Avant d'être élu Pape, Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli fut nonce en Allemagne, et est reconnu comme le meilleur diplomate d'alors au sein du vatican. Ce qui pose problème à beaucoup de ses détracteurs c'est justement qu'ayant été nonce apostolique en Allemagne, Pie XII ne pouvait que connaître les funestes desseins du régime Nazi.
Certes. C'est en 1939 qu'il accède au trône de Pierre. Pontificat qui durera jusqu'à sa mort en 1958.
Et on constate que l'image de ce Pape qui régna pendant une des périodes les plus noires de notre histoire evoluera au fil du temps.
Golda Meir a déclaré à sa mort: "Quand le terrible martyre de notre peuple arriva, pendant la décennie de la terreur nazie, la voix du Pape s’ éleva pour les victimes […] Nous pleurons un grand serviteur de la paix ".
Puis vint le temps des controverses qui commença avec une pièce de théatre, "Le Vicaire" du dramaturge allemand Rolf Hochhuth qui fut jouée pour la première fois en 1963. De nombreuses légendes courent au sujet de la création de cette pièce. On a pu dire que celle-ci avait été télécommandée par les services secrets roumains eux-même pilotés par le KGB : leur but étant de détruire l'image de feu Pie XII. Bref, un imbroglio dont on ne saura sans doute jamais le fin mot.
Plus récemment, le film Amen (2002) de Costa-Gavras qui met en scène une relecture du Vicaire a fait revivre la face supposée sombre de Pie XII.

Mon sentiment est que Benoit XVI est trop intelligent pour avoir commis un faux pas du point de vue historique et du point de vue humaniste. Voilà un homme, un brillant philosophe, un éminent théologien (faut-il rappeler que le monsieur est Pape ?) que j'imagine mal commettre une erreur sur une question aussi délicate. Cependant, comme ce fut le cas il y a quelques temps , la communication vaticane et le timing sont perfectibles. Il est sans doute urgent pour le Vatican de rendre accessible les archives concernant Pie XII afin de dissiper un malaise qui aurait pu être anticipé, et donc contourné.

nm.

vendredi 25 décembre 2009

De la guérison de nos âmes

Nous pensons aux mots d'Epicure lus récemment dans l'"Epicure et ses dieux" d'André-Jean Festugière : "...mais notre seule occupation doit être la guérison de nos âmes". Et l'auteur de poursuivre : "La sagesse est vie spirituelle. Et l'exercice de la sagesse est la pratique de cette vie. Or Epicure est trop grec pour penser que la guérison de l'âme puisse être obtenue dans la solitude. Il y faut un médecin, il faut sentir autour de soi la chaleur de l'amitié [...] De là vient que l'amitié, à ses yeux, fait partie intégrante de la sagesse. Car l'échange des pensées, le soutien des affections mutuelles ne conduisent plus seulement à se fortifier ensemble dans la poursuite d'une science abstraite, ils sont eux-mêmes la fin : c'est dans ce coeur à coeur que réside la paix de l'âme".

Noël, fête de la fraternité et de l'espérance. Joyeux Noël à tous de la part de la rédaction du Blog d'Isaac !

df.

lundi 21 décembre 2009

De la sélection cadeaux de Noël du Blog d'Isaac

Le blog d'Isaac se met à l'heure de Noël pour vous présenter une petite sélection d'idées cadeaux alors que nous entrons dans la dernière ligne droite pour la course aux idées.

Pour les mamans et les épouses :
L'Artisan Parfumeur propose des boules en bois artisanales d'ambre.
Un parfum de la collection "historique" de chez Guerlain.
Pour les plus généreux, on optera pour un bijou de la collection "liens" de chez Chaumet.

Un classique carré Hermès.


Pour les grands mamans :

Rendez-vous chez Trudon, rue de Seine à Paris. L'ancienne manufacture royale de cire propose un choix magnifique de bougies parfumées artisanales.


Pour les gourmandes, une sélection de chocolat de JP Hévin.
Un sac Kelly pour les riches Mamy ;)"


Pour les grands papas :
Un classique, "Habit Rouge" de Guerlain.

Un chapeau de chez Arnys, rue de Sèvres.

Pour les papas et les maris :

Pour les coquets, des boutons de manchettes en argent de chez Dunhill.

Encore pour les coquets, une cravatte de chez Charvet.
Pour les gros budgets, une montre Altiplano de chez Piaget ou une Patrimony de chez Vacheron-Constantin.
Pour les amateurs d'art, le "Caravage, l'oeuvre complet" que Taschen vient de publier.

Pour les frères et soeurs :
Le nouveau Pétillon, Jack Palmer "Enquête au Paradis", le tome 14 des aventures du fameux détective.
Le nouveau Black & Mortimer.

La saison 2 en Français de Dexter ou mieux encore la saison 3 en import du même Dexter.
Les DVD fraîchement sortis de "Very Bad Trip" ou de "Good Morning England".


Joyeux Noël à toutes et à tous !


nm.

jeudi 17 décembre 2009

De la polémique sur les propos de Nadine Morano


Les propos de Nadine Morano tenus lors d'un débat sur l'identité nationale à Charmes (Vosges) le lundi 14 décembre ont été plus que commentés, c'est le moins que l'on puisse dire. Et la ministre a été plus que clouée au pilori, cible de toute une nation depuis 3 jours.

La première remarque que cela nous inspire c'est qu'il ne fait aucun doute que Nadine Morano n'est pas un modèle de tempérance et d'élégance. Néanmoins, on se souviendra de ses prises de positions comme ministre de la famille. Peu de doutes que la dame est humaniste. Mais les commentateurs se gardent bien de mettre en perspective la situation.

Par ailleurs, il faut rappeler que le débat en question a duré plus de trois heures. Et ces propos ont été sortis de leur contexte. Isolés de la question à laquelle Nadine Morano a répondu. Isolé de l'ensemble de l'argumentaire de la ministre. On recommendera ici de voir l'intégrale du débat.

Mais ce que démontre avant tout cette affaire, c'est que la preuve est donnée que ce débat sur l'identité nationale est non seulement insultant, mais s'avère être une impasse absolue. Il ne donnera lieu qu'à des traitements médias caricaturaux comme celui auquel on assiste en ce moment.

nm.

lundi 14 décembre 2009

De la valeur des caméras et des micros indiscrets, Rachida Dati piégée au parlement de Strasbourg


Ces derniers mois ont été riches en anecdotes de politiques surpris pas des caméras ou des micros indiscrets.

On se souvient bien entendu du fameux "Casse toi pov' con" de Nicolas Sarkozy. Mais aussi de Brice Hortefeux et de . A la faveur du tout numérique, les exemples sont légions.

Multiplications des chaînes de télévisions, radios, radios internet, bloggeurs à l'affut d'un scoop, ou tout simplement quiconque est équipé d'un téléphone, les risques pour les politiques d'être enregistré sont devenus très importants.

Mais il faut se poser de ce que valent ces moments "volés". Ce qui compte, est-ce le discours qui est réfléchi et donné au citoyen ou bien ces remarques faites pour ne pas être publiques ?

En effet, concernant la dernière anecdote qu'on retrouvera sur le site de Rue89 impliquant Rachida Dati, qu'importe peut-être cette conversation si l'ancienne Garde des Sceaux fait bien son job. Qui ne connait pas dans son entourage quelqu'un qui de temps à autre pourrait confier son agacement vis à vis de son job ? Personne. Aucun doute là-dessus : pour autant ces gens qui se plaignent parfois bâclent-ils leur travail ? Démissionnent-ils ? Non et non. Alors méfiance ...

La même question se pose à propos de Brice Hortefeux : se laisser aller à un plaisanterie dans un cercle supposé privé, est-ce coupable ? Si la réponse est oui, alors il faudra admettre que l'opinion qui jugerait ainsi ce point souhaite que ses élites soient Absolument vertueuse. C'est une chimère d'une naïveté enfantine que nous laisserons à d'autres. St Just est mort depuis 250 ans cher lecteur.

nm.

jeudi 10 décembre 2009

Du débat sur l'identité nationale, l'éditorial du blog d'Isaac


La rédaction du blog d'Isaac n'avait pas encore réagi au débat sur l'identité nationale lancé il y a maintenant quelques semaines. Il nous semblait préférable de juger sur pièces.
Voilà qui est fait.

Première remarque : il est tout à fait indécent d'accorder une place aussi centrale à ce sujet en ces temps de crise, où les questions économiques, budgétaires et sociales semblent se poser plus fort que jamais aux citoyens électeurs.
Ensuite, nous ne pouvons que constater le cynisme qui anime le pouvoir : il s'agit bien entendu de placer le débat pré-électoral des élections régionales sur le terrain des peurs liées à l'immigration et à l'insécurité qu'on souhaiterait (à l'ump) corréler à celle-ci. Ce n'est que ça. Rien que ça.

L'identité française ne fait en effet pas débat. La France se construit au fil de son histoire. Et nous ne sommes que les témoins de ce long processus.
Vouloir définir ou orienter ce que pourrait être notre identité serait péché d'orgueil.

Mais nous ne sommes ici pas dupes. La stratégie du candidat Sarkozy s'était avérée payante en 2007 : aborder de front certains thèmes jadis laissés au seul Front National. Alors que nous pouvions trouver assez pragmatique cette approche il y a deux ans, aujourd'hui on semble plutôt assister à un pouvoir en quête d'un second souffle et de thèmes électoraux. Faute d'idée, le recentrage sécuritaire fera l'affaire.

Pas si sur ...
nm.

mardi 8 décembre 2009

Du lancement d'un parfum par ... Omega, courte note


Alors que la tendance ces dernières années voulait que ce soient les marques de mode qui se lancent sur le terrain de la haute horlogerie (j'en veux pour preuve Louis Vuitton, Dior, Chanel), la très fameuse manufacture Omega prend le contrepied du marché en lançant son propre parfum.

Une fragrance pour homme, Aqua Terra, du nom d'un des modèles emblématiques de la marque. Le blog d'Isaac qui porte une attention toute particulière au monde horloger ne pouvait manquer cette information.
Nous ne manquerons pas de vous donner nos impressions sur le jus dès que possible !
nm.

dimanche 6 décembre 2009

De la suppression de l'histoire-géo en terminale scientifique


Il s'agirait de simplifier les ponts à établir entre le lycée et l'enseignement supérieur d'après notre ministre de l'éducation Luc Chatel.

Pour simplifier, on va simplifier ; aucun doute là-dessus. Et bien oui, l'histoire ne sert à rien aux lycéen de terminale S puisqu'après le Bac il n'en sera plus question. Alors, je recommande également de supprimer la philo puisqu'a priori les lycéens n'en feront pas davantage. Et le latin, faudrait pas oublier le latin les mecs ! Inutile le latin, allez hop, on supprime.

Cher Monsieur Chatel, vous êtes ministre de l'éducation nationale, et plus cadre de L'Oréal. Il serait bon de prendre la mesure des prérogatives de ce ministère, sans doute l'un des plus importants de la république.

De manière très pratique, les étudiants de Terminale Scientifique peuvent tout à fait poursuivre des études post-bac intégrant de l'histoire, de la géographie, du latin, de la philosophie. Mais c'est avant tout la mission du lycée que de former les étudiants à être des hommes, des citoyens.

Ne pas l'avoir compris pour un ministre semble totalement invraisemblable. C'est pourquoi ce messieur devrait (être) démissionner.
nm.

mercredi 2 décembre 2009

De la plainte (peut-être) de Eric Besson envers France Inter


Une chronique de Stéphane Guillon a de toute évidence fait s'étrangler Eric Besson. Ce dernier a lancé depuis peu une campagne forte contre les mariages gris.

Mercredi 18 novembre, Éric Besson s'insurgeait à raison sans doute contre une « escroquerie sentimentale à but migratoire ».

Cible totem des membres du gouvernement, Besson s'est tout naturellement retrouvé sous le coup de la plume assassine de Stéphane Guillon. Même si il nous arrive de ne pas rire à ses chroniques, force est de constater que celle récemment consacrée à Besson est féroce mais diablement réussie.

Guillon adresse au ministre un « conseil d'ami », concernant sa compagne tunisienne de 22 ans.
Il l'informe que s'ils se marient, ils seront sous le coup d'une enquête de vie privée. « Quand il y a trente ans de différence entre les conjoints, c'est obligatoire. Quand ce n'est ni pour ton physique, ni pour ta vigueur, ils contrôlent…»

Bien vu ;)


nm.

lundi 30 novembre 2009

De la république en Suisse et à Lille


Deux anecdotes récentes nous poussent ici à soulever la question de la république, de la cité.
La semaine dernière, Martine Aubry, invitée de l'émission d'Arlette Chabot "A vous de juger" est interpelée par son contradicteur Jean-François Coppé. Celui-ci souligne qu'en tant que maire de Lille, elle a aménagé des horaires dans certaines piscines municipales afin qu'elles soient réservées aux femmes. Décision qui faisait suite à des demandes venues de la communauté musulmane lilloise.
Coppé s'honorait pour sa part d'avoir renoncé à mettre en oeuvre à Meaux une décision de cette nature au nom de la sainte religion "laicité".
Mon sentiment est que la république doit s'organiser pour répondre aux attentes de sa population. Attentes qui évoluent avec l'histoire. Il y a en France plusieurs millions de citoyens musulmans. Il est donc légitime de répondre aux attentes de cette population.

Autre anecdote. La Suisse a conclu par votation citoyenne l'interdiction de construire des minarets. Je considère que la démocratie, sur cet exemple précis a parfaitement fonctionné. Mais au détriment de l'idée qu'on peut se faire des devoirs de la cité, de la république envers ses citoyens. Quand une majorité décide de nier une minorité, ne s'agit-il pas d'une tyrannie ?
nm.

dimanche 29 novembre 2009

Des illustrations (3) - n'étends pas la main contre ton enfant !


« Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t-en au pays de Moriyya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai ». C’est par ces mots que la bible nous dit comment Dieu mit à l’épreuve Abraham. Sacrifier son fils unique, qu’il aura attendu 100 ans de voir naître de sa femme Sarah, si longtemps restée stérile. Sur la montagne, le regard du fils va vers le père, celui du père vers l’ange envoyé de Dieu pour arrêter son geste, qui le fixe du même regard. Le messager de Dieu bien que lointain semble retenir le bras d’Abraham. Leurs bras sont cerclés des même anneaux dorés. Comme confondus. Par le regard et par le geste, Abraham et l’ange se répondent, presque en miroir l’un de l’autre.

« N’étends pas la main contre ton enfant ! Ne lui fait aucun mal ! » C’est ainsi que l’épreuve s’achève et que le bélier pris par les cornes dans un buisson à proximité sera immolé à la place d’Isaac. Ce récit immémorial nous dérange. D’abord parce qu’il s’agit de sacrifice humain. Et puis comment comprendre l’obéissance d’Abraham qui le mène à une violence froide contre son propre fils ?

Nous citerons ici René Girard, dont nous apprécions particulièrement « des choses cachées depuis la fondation du monde » et ses travaux sur l’origine de la violence, et qui souligne d’abord l’importance du contexte historique : le sacrifice des enfants premiers nés est pratiqué à cet époque tout autour de la région où vit Abraham et ses descendants. Ce qui nous apparaît ignoble aujourd’hui, n’est pas rare au temps du récit, et ce qui l’est plus est peut être la substitution du sacrifice animal au sacrifice humain.

Un article d’Olivier Maurel nous suggère dans la même veine de considérer la nature d’Abraham profondément respectueuse de la vie (l’épisode de Sodome et bien d’autres récits le montrent) et son incompatibilité avec une résignation soudaine à tuer son propre fils. Ne faut il pas voir plutôt le poids de la coutume de sacrifice du premier né et la réaction individuelle d’Abraham face à cette tradition ? L’ange de Dieu n’est il pas simplement l’amour du père pour son fils qui retient son bras et invente un rite de substitution ? Le regard d’Abraham vers le messager un regard en lui même ?

« Abraham contrairement à ce qu'on voit toujours en lui, est moins l'homme de la foi que l'homme de la conscience et du cœur, opposés à la tradition issue de la violence fondatrice. » conclut Olivier Maurel. Belle conclusion.
df.

lundi 23 novembre 2009

Des illustrations (2) - l'accouplement en milieu clos


« Yahvé dit à Noé : Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je t'ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. ». La bible dit qu’ils sont restés un peu plus d’un an dans l’arche, inquiets de l’avenir, témoins muets de l’anéantissement de toute vie sur terre. Leurs regards sont inquiets au travers des ouvertures de l’arche. Est ce l’étendue d’eau qu’ils regardent avec crainte ? le corps inanimé qui flotte à la surface de l’eau ? Est ce la terre sous l’eau qu’ils cherchent des yeux ? Est ce l’espoir de vie qu’ils guettent ?

Un ami nous faisait remarquer dernièrement qu’ils sont restés un peu plus d’un an dans l’arche, et en sortent comme ils y sont entrés : Noé, ses fils, sa femme et les femmes de ses fils. Ils n’ont pas donné naissance à de nouveaux fils et filles. Les fils de Noé d’un côté et leurs femmes de l’autre, comme pour mieux marquer la séparation. Est ce le désespoir que nous lisons dans leurs yeux ?

Leurs visages muets à l’image de leur vie muette en milieu clos. Stérile, elle ne sert à rien, elle n’aboutit à rien. Chaque vie est préservée mais ne donne pas de nouvelle vie dans l’arche. Figée. Dans l’attente. Suspendue.

La main de Noé est tendue à l’extérieur de l’arche vers la colombe qui annonce la baisse des eaux. Comme échappée de l’intérieur infertile. Symbole d’espoir, de mouvement. Lien poétique entre l'homme isolé et la terre qui l'accueille. L'homme ôté de la nature. La lecture d'Yvon Quiniou sur le matérialisme de Karl Marx raisonne superbement dans ces illustrations "L'homme, par conséquent, est bien un être naturel, mais c'est un "être naturel humain", capable de penser et de transformer la nature dont il dépend et, surtout, acteur d'une histoire à travers laquelle il se fait : celle-ci est son lieu ou son acte d'"engendrement", la véritable histoire naturelle de l'homme".

« Noé sortit avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils ». Hors de l’arche, de l’attente, du silence. Rassurés par la promesse divine de ne plus détruire toute chair, ils donneront naissance à une nouvelle création.
df.

Des produits de l'Officina Profumo Farmaceutica Santa Maria Novella à Paris


Il existe à Florence bien des chefs d'oeuvres. Les Offices, la chapelle Brancaci, le Duomo, Santissima Annunziata ... Et une antique pharmacie, tout à coté de l'église Santa Maria Novella, l'Officina Profumo Farmaceutica Santa Maria Novella. Fameuse depuis 1612, elle est notemment reconnue pour son intérieur magnifique et pour avoir créé depuis plus de 300 ans des eaux de cologne et toute une déclinaison de précieux produits comme des encens, des huiles, bougies ... Parmi ceux-ci une Cologne créée pour Catherine de Médicis. Il est difficile de trouver ses produits hors de Florence, aussi la rédaction du Blog d'Issac vous recommande la boutique Amin Kader, 2 rue Guisarde à Paris, qu'on préférera à celle de la rue de la Paix, pour l'excellent accueil japonais que vous recevrez.

Vous y retrouverez une sélection réussie de produits parmi lesquels le superbe Papier d'Arménie.

dimanche 22 novembre 2009

De Cécile Duflot, courte note


Elle a appelé sa fille Térébentine.
Mieux qu'un discours politique, qu'une profession de foi.
Cette femme ne peut être que totalement dérangée pour avoir choisi un prénom pareil. Aucun doute là-dessus.

samedi 21 novembre 2009

De mettre en scène (3) - "Sur la route..." avec la Cie Les Colporteurs


Il fait noir. Un homme est assis aux pieds d’une installation de mâts inclinés et de fils de fer tendus dans les airs. Immobile. Dans la lumière crue qui l’éclaire, il relève ses genoux à l’aide de ses mains, positionne ses pieds minutieusement, roule, s’agenouille et lentement se redresse. Il se met debout. Comme on met debout son corps accidenté il y a 9 ans, paraplégique.




Dans un équilibre fragile il se met en marche. Lentement il fait le tour de l’installation. Funambule à terre, il suit l’ombre projetée au sol par les fils, au dessus.
Puis vient la fille. Aérienne. Elle s’élance sur les fils de fer, pieds nus sur le métal. Elle dans les airs, lui retenu à terre, comme si le poids de son être l’attirait irrémédiablement vers le sol. Elle chante sur son fil. A genou. Il la suit, en dessous.
Et la rencontre, l’étreinte, elle perchée sur son fil, lui dont les pieds s’arrachent du sol à la force des bras agrippés au même fil. Il la prend dans ses bras. Elle s’appuie sur lui pour avancer dans les airs, parfois sur le bras comme un fil de chair tendu entre deux fils de métal, parfois sur les mains, la tête, en équilibre. Et puis c’est à son tour de le relever depuis son fil, de le tirer, de le soutenir.
Elle descend jusqu’à lui, ils se cherchent, se bousculent, courent ensemble. Ils s’étreignent, ils dansent. Une valse. Un pas de côté. Ils virevoltent. Magnifique chorégraphie de tendresse et de fragilité.
Elle part. Lui reste seul au milieu. Il se souvient, essaie quelques pas sans appui. La gravité le colle au sol. Comme par défi il saute et crie. On est touché par ce cri qui pourrait venir de notre ventre. On se souvient qu’un jour nous avions tout juste la force de tenir debout. Avec ce désir pourtant de s’élever encore. Puis tombe à terre inanimé.
Elle viendra le prendre, lui redonner le souffle, par ses cris par sa force, elle le traînera, le remettra debout. Et finalement lui donnera les appuis pour atteindre le haut de l’installation, tout en haut. Laissant sur lui le sourire de celui qui a trouvé la force de se remettre sur la route.
L’enfant à côté de moi ne comprend pas pourquoi je lui dis que l'homme avait du mal à marcher avec ses jambes. Dans la pénombre des projecteurs cela n’avait pas d’importance. Plus que des jambes, lui et sa partenaire nous ont donné des ailes.
df.

Du président de l'Union Européenne, ou la tentation du médiocre


La ratification du traité de Lisbonne par l'ensemble des états membres a permis d'engager les évolutions des institutions européennes.

L'une des réformes clé, une des plus emblématiques en tout cas, est de doter l'Union d'un président. Il y a quelques mois, l'hypothèse Tony Blair déchainait les passions. Les supporters de cette présidence arguant de l'incontestable autorité de celui qui fut pendant 10 ans le premier ministre britannique. Charismatique, artisan de la synthèse d'une gauche moderne et libérale à la fois, et populaire chef de gouvernenement. Blair à la tête de l'Union, ça avait de l'allure. Un homme dont la stature lui permettait de parler d'égal à égal avec Obama, Hu Jin Tao ou les chefs d'état de l'Union. Blair incarnait, je le crois, le choix d'une Union conquérante et amitieuse.

Mais ses détracteurs ont eu raison de cette option. Les arguments publics sont "politiquement audibles" :
Comment un homme qui à engagé son pays en Irak et qui est ressortissement d'un état qui n'appartient pas à Shengen et à l'espace de l'union monaitaire pourrait-il présider l'Europe ?
On peut entendre ces points de vue. Mais à mon sens, ils sont parfaitement contestables. L'engagement en Irak a toujours été assumé par Blair qui a procédé d'une décision politique. Contestable peut-être mais en tout cas, on a affaire à un dirigeant qui prend ses responsabilités. Ne pas être d'accord a posteriori sur une décision prise par un dirigeant ne peut être disqualifiant à mon sens. L'absence de sens des responsabilités et l'inaction sont péchés mortels en revanche.

Quant à l'argument de sa nationalité, c'est je le crois une plaisanterie : on nous parle de symbole ? En voilà un bien bel exemple. Tony Blair, citoyen européen avant même d'être britannique.

Ce que la faiblesse de ces arguments cache, c'est autre chose ... Au fond, ce que les dirigeants des plus grands pays de l'Union craignaient c'était sans aucun doute d'avoir un "boss" qui leur fasse de l'ombre.

Avec la désignation, jeudi soir, du premier ministre belge, Herman Van Rompuy, aucun risque ... mais alors aucun !

nm.

mardi 17 novembre 2009

De l'invasion des produits Bio, courte note


Une brève réflexion.
L'autre jour, j'avoue avoir été surpris par le nombre croissant de produits Bio qui peuplent dorénavant les rayons de nos magasins. De Monoprix à Franprix, en passant par Carrefour Market, aucun ne manque à l'appel. Sans compter bien entendu les supermarchés Bio à 100% (type Naturalia) qui eux aussi se multiplient.


Ne pensez-vous pas qu'il est tout de même invraisemblable d'avoir du créer un label vous garantissant que ce que vous mangez n'est pas bourré de saloperies en tout genre ? C'est en quelque sorte le monde à l'envers, et je reconnais que cette prise de conscience ne date pour moi que de ce week-end.
Au moment de choisir le Saumon fumé du brunch du dimanche matin. Avoir à arbitrer entre un produit naturel et un poisson gavé de sulfatochimico substances m'a paru soudain totalement incongru ...
nm.

lundi 16 novembre 2009

Des illustrations (1) - l’interdit de dévoration à l’origine de l’humanité


« Yahvé Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé ». Homme et Dieu face à face, symétriques, Homme à l’image de Dieu, Dieu à l’image de l’Homme. D’une main il emmène l’homme dans le jardin et de l’autre, index levé, il lui donne son commandement. D’une main il se laisse conduire, accueilli, et de l’autre, paume ouverte, il semble accueillir. L’arbre de la connaissance en axe de symétrie entre Homme et Dieu.

« Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas ». Le premier interdit à l’origine de l’humanité nous dit la bible. Où la liberté de l’Homme est mise à l’épreuve. Où la faculté de décider ce qui est bien et mal est en question.

Une récente lecture de Michela Marzano nous livrait un éclairage nouveau sur ce mythe ancestral. Plutôt que l’interdit de connaissance, elle propose d’y voir un interdit de dévoration visant à protéger la différence et l’alterité : tout n’est pas « objet » dans ce monde, tout n’est pas « consommable ». Il y a l’autre, et l’autre ne se mange pas. L’interdit de manger un seul arbre, c’est une limite que l’on met, un point de non assimilation, d’inconnaissance qui permet à l’autre d’exister comme autre. C’est une place pour la possibilité d’un autre que l’on garde.

Tu ne dévoreras pas l’autre afin de ne pas te détruire toi-même. Parce que dans le dévoilement intime de la relation à l’autre, nous saurons que nous, aussi, ne serons pas dévorés, détruits, effacés.
df.

dimanche 15 novembre 2009

Des illustrations (0) - introduction


La rédaction du Blog d’Isaac commence ici une série inspirée des mosaïques byzantines de la cathédrale de Monreale en Sicile.
Où l’on observe l’importance des représentations bibliques dans le lieu de culte, fonctionnant comme autant d’illustrations narratives de scènes venues de traditions orales millénaires. Une image, quelques mots accolés pour identifier les personnages ou l’action, et l’imagination de celui qui l’observe pour chercher le sens de ce qui est représenté.

Ce qui nous intéresse ici c’est l’interprétation à la portée de tous. Contrairement à l’écrit réservé aux lettrés ou au prêche orienté, chacun pourra se faire une idée de ce qui est montré « à ses yeux ». Nous jouerons ce jeu subjectif à partir d’images choisies dans la nef centrale dédiée aux récits les plus anciens de la bible.

En contrepoint des représentations byzantines, nous proposerons une image de Robert Crumb qui nous a fait le plaisir d’illustrer magnifiquement la Génèse il y a peu.
df.

jeudi 12 novembre 2009

De la sensibilité et de ses variétés.


Tout à l'heure, dans l'exposition Jim Hodges au Centre Pompidou, la plupart des visiteurs s'attardaient sur les oeuvres accrochées au mur: dessins de fleurs réalisés au bic sur serviettes de bar en papier, toiles d'araignées taillées dans le papier, miroirs brisés marouflés sur toile ...

Il semble bien que nous allions spontanément vers ce qui se tient à la hauteur de notre regard et que nous aimions finalement peu nous pencher sur des vitrines.
Car, une vitrine, il y en a une en effet, au milieu de l'une des pièces.

Pendant le temps que je me suis attardée là, pas un visiteur ne s'y est arrêté (en général, on se contentait de l'effleurer du regard en passant, règle à laquelle je n'ai pas échappé).

Pourtant, il y a eu une exception: un groupe de jeunes Japonaise qui, apparemment moins intéressées par le reste, sont venues s'attarder très longuement sur le contenu de la vitrine, le commentant en long et en large (hélas pour moi, en japonais...), pointant du doigt tel et tel détail.
Après leur départ, je me suis approchée, me demandant bien ce qui pouvait les attirer tant dans cette oeuvre.

A vrai dire, c'était, à première vue, quelque chose de "vite vu", un journal (genre quotidien) dont les pages étaient entièrement recouvertes par une feuille d'or. A priori, pas grand chose à détailler, là-dedans, avec notre regard analytique et intellectuel d'Occidentaux.

Mais on sait que les Japonais sont des amoureux du papier. Et du coup, j'ai eu envie d'essayer d'entrer un peu dans leur sensibilité, de percevoir ce qu'elles avaient pu percevoir avant moi.
Et là, j'ai remarqué les moirures de l'or, les pliures du journal et son gaufrage préservés par la feuille d'or, j'ai aperçu les trous discrets qui ponctuent la marge basse des pages, et puis surtout la délicatesse avec lesquelles les feuilles, parce qu'elles étaient recouvertes d'or, se posaient les unes sur les autres.

J'aurais bien aimé en sentir plus, avancer encore davantage dans la perception que ces Japonaises avaient eu de cette oeuvre.
Parfois je fantasme sur une sensibilité démultipliée, qui permettrait à chacun de sentir autant que tout le monde réuni. Ce serait évidemment impossible à supporter.
Heureusement, il suffit parfois de tendre l'oreille, d'observer les autres et d'échanger avec eux, pour repousser un peu les limites de notre propre perception.

Am.


(Image: No More Dreams / In Real Time, 1994. (Plus de rêve / En temps reel). Fusain et chaîne en laiton sur papier. 107,3 x 76,8 cm. Collection particulière. Courtesy CRG Gallery.)

mercredi 11 novembre 2009

De mettre en scène (2) – impromptu


« La chance… le pont… la colère… la montagne… ». C’est par la voix que le spectacle « impromptu » de Loïc Touzé nous invite à changer de point de vue. Sur scène 6 jeunes gens égrainent une longue liste de mots à tour de rôle, autant d’images évoquées, qui se succèdent trop vite pour s’imprimer dans nos imaginations. Au fond de l’air un morceau de musique. Romantisme allemand. Ils se tiennent debout tout au bord de la scène. Tout près. Trop près de nous. Leur présence est hypnotique. On ne se sent pas très à l’aise (et puis ces 2 projecteurs braqués sur le public nous éblouissent un peu).
Le morceau s’achève puis reprend de plus belle. Les jeunes gens reculent et reprennent le jeu des mots en changeant la prononciation, accentuant chaque syllabe, à outrance, comme une dictée de notre enfance. Effet comique, on sourit, on se décontracte (ces 2 projecteurs sont tout de même gênants, ils ont dû oublier de les éteindre).
Chacun disparaît au fond du grand couloir noir qui mène au fond de la scène dont on ne distingue presque rien. Un à un ils reviennent devant nous réaliser un solo de danse, yeux fermés, somnambules, gestes mécaniques. Tels des automates, désarticulés, le mouvement est brusque et impulsif, comme une ébauche de chorégraphie, pas encore bien taillée, arrêtes saillantes, volumes approximatifs. Opéra italien. Au fond du couloir la troupe s’anime dans une lumière tamisée, on croit voir des accessoires (décidément ces projecteurs sont gênants, on distingue quelques ombres tout au mieux).
Suite aux 6 solos, les danseurs reviennent le visage et les mains peints de blanc et réalisent chacun de nouveaux solos les yeux ouverts. L’effet est réussi, les yeux ouverts, le regard danse devant nous, fixe, intrigué, intrigant, et la chorégraphie s’incarne. Jazz vocal. On croit voir passer une ébauche d’un pas de Fred Astaire, une autre d’un entrechat. La danse s’invente devant nos yeux. On se croirait dans la tête d’un danseur. Ils vont et viennent le long du tunnel de plus en plus sombre (heureusement les projecteurs du public se sont éteints).
On distingue mieux le fond de la scène. Une tête de daim empaillée, un chapeau de cow-boy à paillettes, un manteau de fourrure, un truc à plume pour danse de revue… Ils finissent pas ne pas revenir. Les danseurs s’emparent des accessoires dans la seule lumière qui subsiste tout au fond. Magnifiques tableaux clairs obscurs. Comme avant de monter sur scène. Une autre scène. Là bas. Au delà. Nourris des mots et des représentations, des ébauches de gestes et de mouvements, les yeux fermés, les yeux ouverts. Le renversement est complet. Notre point de vue a changé (ah c’était fait exprès).
Nous avons vu la danse se créer de l’intérieur. Merci Loïc Touzé et ses danseurs.
df.
http://www.t-n-b.fr/fr/mettre-en-scene/fiche.php?id=238

mardi 10 novembre 2009

De l'éditorial de la semaine, Sarkozy et NKM dans la ligne de mire


Le sens de l'action politique et de la démocratie. Rien de moins qu'un sujet aussi important, illustré cette semaine par une intervention de Nathalie Kosciusko-Morizet lors d'une interview dans l'émission hebdo de Ardisson sur Canal, pour inaugurer les éditos du Blog d'Isaac.
A une question portant sur les promesses non-tenue à ce jour d'augmentation du pouvoir d'achat, thème central de la très réussie campagne de Nicola sSarkozy, NKM s'est retranchée derrière la crise mondiale.
Ha, la crise mondiale ... Bien entendu que personne ne s'y attendait. Bien entendu qu'elle impose que nos politiques et que toute la société civile s'adapte et se transforme pour la contrer. Mais pour autant, les conditions auxquels nos politiques sont confrontées les dédouanent-ils de tenir leurs engagements ? Ce n'est pas l'idée que je me fais de l'action politique. Car si c'était le cas, il faut cesser d'organiser des élections. Et nommer à la tête de l'état des gestionnaires. Qui adapteront en fonctions des aléas de la vie du monde la politique du pays en hommes pragamtiques. Or le pragmatisme semble bien être une doctrine revendiquée par nos gouvernants.
En y réfléchissant, c'est abject. Une insulte au vote populaire. La démacratie donne la parole au peuple qui confie mandat à une équipe ou à un homme pour appliquer un programme, et l'appliquer quelque soient les conditions.
Avec la personnalité de Sarkozy, on pouvait penser que le temps des excuses étaient révolu. Ce n'est pas le cas. Ce qui peut laisser de l'espace à des compétiteurs du présidents pour 2012.
nm.

dimanche 8 novembre 2009

De mettre en scène (1) – inStallation


« Ce soir nous allons au cirque ». C’est sous le chapiteau du TNB Ropartz de Rennes que nous avons découvert le spectacle « inStallation » proposé pour le festival « mettre en scène » du Théâtre National de Bretagne.
Tout commence par un cheval blanc au milieu de la piste et un homme ratissant le sable et la sciure. Un harmonium met en musique les gestes du balais. Tout commence dans une écurie. La piste s’anime ensuite par un numéro de dressage en liberté avec un maître de manège orchestrant les enchaînements de 4 magnifiques chevaux blancs. Puis viennent les numéros d’acrobatie dans les airs à la perche, à la corde, aux tissus. Le cheval noir et le jonglage au diabolo. Orgues Fender Rhodes, basses électriques et batteries rock à l’accompagnement.
A travers la virtuosité des hommes et des femmes, la poésie trouve son chemin : le corps de l’acrobate se fait corde pour sa partenaire et soudain la fragilité humaine nous émeut, les parapluies renversés suspendus dans les airs et l’homme resté à terre qui jette du sable, comme on jetterait son humanité vers le ciel, et va rebondir dessous, comme une pluie à l’envers.
Peu à peu les hommes et les femmes s’introduisent dans l’écurie, trouvent leur place, d’abord parmi les chevaux dans une course effrénée autour du manège, puis à leur place autour d’un piano à queue qu’ils installent au milieu de la piste. Puis s’ajouteront batterie, accessoires inventés, propulseurs de diabolos, et numéros d’équilibre sur fil de fer. C’est certainement de cette installation qu’il s’agit. De l’homme dans la nature. Dans un dernier tour, le diabolo fait son numéro sur le fil tendu au dessus du piano puis vient tourner comme une toupie sur le couvercle noir, sous le regard des musiciens et acrobates rassemblés, et d’un cheval blanc intrigué.
A mes côtés, l’enfant sur son banc étend les bras à l’horizontal pour faire l’équilibre. Les yeux accrochés au fil de fer qui traverse la piste. Merci les artistes.
df.
http://installation08.ch/inStallation_cms/index.php?page=presentation-fr

samedi 7 novembre 2009

De l'exposition "Titien, Tintoret, Véronèse ... Rivalités à Venise"

C'est l'exposition phare de la saison 2009-2010 au Louvre. Un blockbuster surgit de la renaissance en quelque sorte. La promesse d'une concentration de velours vénitien et de chefs d'oeuvres venus des 4 coins du monde.
On y va sans crainte d'être déçu. Et on a raison. L'exposition est magnifique. Malheureusement, le public très nombreux (même en nocturne) demande parfois qu'on sache faire l'abstraction du bruit ou des bousculades. Mais les oeuvres aident au bien-être, soyez-en certain.
Je vous recommande très vivement d'aller voir cette exposition. Une fois, deux fois ... Elle se déploie avec beaucoup de clarté, de beauté dans le très bel écrin du Hall Napoléon.
Je ne vous ferai pas l'insulte de faire ici la réclame des artistes présentés. On rappellera peut-être que cette exposition met parfaitement en lumière un moment de l'histoire de la peinture. Le XVIe Siècle vénitien qui semble surgit du génie créatif de Titien, fortement en rupture avec la renaissance classique et florentine qui domine alors. On fera ici l'expérience des différences passionnantes qui séparent les Florentins, leurs enfants (les 3 classiques Raphael, Michel-Ange et Leonard) et leurs petits enfants les maniéristes aux Vénitiens. C'est comme comparer le velours au marbre. La ligne au toucher.
Quelques unes des oeuvres présentées dans l'exposition :


Titien, mise au tombeau, Madrid, musée du Prado



Tintoret, Suzanne et les vieillards, Vienne, Kunsthistorisches Museum



Véronèse, Les Pélerins d'Emmaüs, Paris, Musée du Louvre

Je vous renvoie par ailleurs à l'excellent petit site monté par le Louvre à l'occasion de cette exposition.

nm.

vendredi 6 novembre 2009

De la chute du mur et de leurs érections


La rédaction du Blog d’Isaac se joint à sa façon au concert de célébrations pour l’anniversaire de la chute du mur de Berlin en poussant par ici un petit commentaire aperçu il y a quelques temps chez Alain Badiou.
Nous ne parlerons pas ici du mur berlinois, mais plutôt des murs que ce mur nous évoque : en Palestine, au Mexique, en Espagne, et bien d'autres lieux, des murs se construisent pour "étanchéifier" les frontières que les états ont construits et protéger des hommes de la venue d’autres hommes. Autant de grandes murailles à vocation de “fortifier“ une zone de prospérité contre ceux, plus pauvres, qui voudraient accéder à cet Eldorado. Et encore par chez nous, combien de discours sur la nécessité de restreindre l’immigration, de contrôler les frontières ? Combien de centres de rétention pour retenir ceux que l’on a exclu de notre société avant de les expulser du territoire français ? Et si peu sur la coopération internationale, ce qui peut être fait pour rendre notre monde plus égalitaire.
Alain Badiou pose la question du prix des privilèges dont nous jouissons en tant que citoyen français. Est-ce là le prix à payer ? Laisser un monde extérieur à sa pauvreté et construire des murs pour que sa misère reste extérieure à notre monde intérieur ? Avec 200 millions de migrants dans le monde par an, les constructeurs de murs ont de beaux jours devant eux… à moins que nous ne choisissions collectivement de penser qu’il y a un seul monde ? Sans extérieur et sans intérieur. Et de préférer le développement du même à l’opposition à l’autre ?
df.

mercredi 4 novembre 2009

Du soulier anglais à Paris, Edward Green installe une boutique boulevard St-Germain



On a pu s'exprimer par le passé sur le sujet. Le soulier se doit d'être anglais. Et idéalement venir de Northampton.
Cette ville anglaise située dans le Northamptonshire a la particularité d'héberger les plus fameux bottiers de sa gracieuse majesté : John Lobb, Church's,Crockett & Jones, Edward Green, Tricker's.
Et Paris de compter jusqu'à aujourd'hui des échoppes Church's, Crockett et Lobb. Avec en prime des ateliers Mesure de Lobb, le roi des bottiers (aujourd'hui propriété du groupe Hermès). Aujourd'hui c'est donc Edward Green qui s'installe Boulevard St-Germain. Isaac vous recommande chaleureusement d'y flaner. Et de vous y chausser !

dimanche 1 novembre 2009

De la poésie en pyjama

C’est à 2 heures du matin le 31 août 1970 que l’on réveilla Leonard Cohen pour monter sur la scène du festival de l’île de Wight. Après 5 jours de musique, de fatigue, de bagarres en tout genre, de chaos, le public est électrique et la tension à son comble (plusieurs musiciens ont dû arrêter prématurément leur performance, voire l’annuler simplement). Le poète se chauffe la voix avec ses choristes, puis monte sur scène, sans prendre la peine de se changer vraiment : un imperméable beige noué à la taille sur son pyjama gris suffira. Il prend le temps d’accorder sa guitare et s’approche du micro : « Greetings. Greetings. When I was seven years old, my father used to take me to the circus. He had a black mustache and a great vest and a pansy in his lapel. And he liked the circus better than I did. But there was one thing at the circus that happened that I always used to wait for. […] there was one moment when a man would stand up and he would say “would everybody light a match? So we can locate one another” ». Il demandera aux 600 000 personnes rassemblées autour de la scène d’allumer de la même façon une allumette pour les voir dans l’obscurité, sentir leur présence. Plus tard dans la nuit, il parlera de Nancy qui mis fin à ses jours en 1961, et qui n’avait personne près d’elle pour allumer une allumette. « Seems So Long Ago, Nancy ». Le poésie est partout : dans la voix du poète, dans les lumières qui surgissent de la nuit, dans nos yeux qui se sont ouverts.

samedi 31 octobre 2009

Du renvoi du président Chirac en correctionnelle, courte note


Pas de surprise. Le blog d'Isaac apporte tout son soutien au président Chirac. Inutile d'en écrire davantage.

vendredi 30 octobre 2009

De la revue de presse, L'Express du 29/10/2009, Raphaël Enthoven




Vous retrouverez dans les pages "culture" de L'Express un billet de Raphaël Enthoven qui mérite qu'on s'y penche. En résumé, notre homme nous explique que l'art contemporain est une escroquerie. Bien évidémment, voilà une idée à laquelle nous ne souscrivons pas ici.

Mais comme dirait Jésus, il faut "rendre à César ce qui est à César". (Nous aimons citer Jésus dans ces colonnes).

Certains de ses arguments sont intéressants. Intellectuellement intéressants, mais inexacts. L'une de ses idées, assez largement partagée, est de se dire que tandis que le geste de l'artiste contemporain se simplifie, le regard du spectateur se complexifie.

Expliquons la pensée de Enthoven. Pour lui l'art contemporain, c'est un monochrome, ou un objet de la vie quotidienne posé sur une table. Du coup, on comprend mieux son article. Mais c'est inexact. En ne retenant que certaines productions anecdotiques, Enthoven se trompe. Et ceux qui connaissent l'art contemporain savent très bien combien il se trompe. Enthoven devrait peut-être arrêter de lire Beaux Arts Magazines et s'abonner à Art Press, il mesurera alors mieux la réalité de ce qui compte dans l'art aujourd'hui. (clin d'oeil).

Là où il a raison, c'est que le spectateur a un vrai travail intellectuel à déployer face à ses oeuvres.

Mais là où il se trompe, c'est en nous expliquons que l'estéthique n'a plus droit de cité. Et que ce n'était pas le cas "jadis". Oui, il faut de la culture, des connaissances pour apprécier certaines oeuvres contemporaines. Pas toutes. Et pas plus que par le passé.

Je vous invite à visiter les chambres de Raphaël au Vatican. Et spécialement l'Ecole d'Athènes. C'est une oeuvre exceptionnelle. Mais si on ne la regarde pas en comprenant son projet intellectuel, on manque tout ou presque. Certes, on appréciera la beauté classique des fresques. Mais il s'agit là de porter une position essentielle de la papauté. Le programme iconographique nous rappelle la cohabitation de la raison et de la foi, de Platon et de Socrate avec l'église fondée par St Pierre. Encore faut-il avoir cette culture.

mardi 27 octobre 2009

De Paris Match, revue de presse sélective


Parfois, on peut se demander ce qui pousse à lire Paris-Match. Easy-reading, c'est écrit gros, ça balaie large, de la littérature aux idées voyages en passant par les immanquables pages people. Bref, ça se lit bien.

En réalité, le dernier numéro de l'hebdomadaire nous éclaire : c'est l'exceptionnelle qualité éditoriale qui nous pousse à lire ce magazine. Des perles !
Commençons par la rubrique Culture (si, si, vous avez bien lu Culture)

Interview de Prince. Question de Paris-Match qui fait suite à une allusion du chanteur à sa foi :
"La foi est souvent peu compatible avec la musique ?"
Mais elle sort d'où cette question ? Si quelqu'un peut peut m'expliquer pourquoi, il faut me faire signe. Prince, quant à lui a été incapable de relever tant le bonhomme semble avoir (et depuis longtemps) totalement quitté la planète Terre.
Mention spéciale donc à Aurélie Raya (la journaliste) qu'on renverra subito à la messe en Si de Bach ou au Requiem de Verdi, pour vérifier que foi et musique sont "souvent peu compatibles".

Continuons. Avec une interview de Jean-Christophe Grangé, le roi du thriller français.
Question passionante dans une rubrique littéraire :
"Avez-vous pris goût au succès et à l'argent?" .... Là, on touche au but.
Mais la question ne serait rien sans la réponse, au delà de toutes nos espérances :
" (...) Je suis devenu riche. Après, cela a été la traînée de poudre. Avec l'argent, on change d'étage mais on a toujours les mêmes emmerdements ! Contrairement à ce que je m'étais promis, j'ai des besoins plus élevés : ma pression financière ne cesse d'augmenter, et l'angoisse avec."

Je comprends pourquoi ce type est un grand écrivain. C'est bien envoyé comme réponse. Chouchou a l'angoisse de l'argent car, vous comprenez c'est dur d'être riche et d'avoir des envies de super riche. L'angoisse de la page blanche, Jean-Christophe, il ne connait pas. Mais celle du relevé de banque, c'est autrement plus stressant.

Un peu énervé, on zappe très vite les pages cultures restantes pour aller lire l'article phare du numéro : Inès de la Fressange a retrouvé l'amour. Passionant. Ce qui par ailleurs est très surprenant ce n'est pas tant que Paris-Match s'intéresse au sujet. Ce qui est surprenant c'est qu'elle accorde une interview sur le sujet. Ce qui suppose en fait qu'elle imagine que sa vie sentimentale peut être intéressante ou bien avoir quelque valeur exemplaire. ! Heuh ! Bugg ...

Au moins on a droit à un best-off d'enfonçage de portes ouvertes. Mon vieux ça fuzze, c'est à lire :

Question : "Quelle est votre définition de l'élégance ?" (originale comme question)
Réponse : " Elle est le reflet de votre esprit et n'a rien à voir avec le vêtement. Un clochard peut être élégant, mais une femme qui a des pensées vulgaire ne le sera pas." (là, je suis scotché. Dingue. Et une femme qui nous balance des poncifs à l'occasion d'une interview sans intérêt dans un journal de philistin, elle est élégante ?)
Vous en avez deux pages. Je vous les épargne.

Mais le meilleur est à venir.
Nominé pour l'Oscar du Suce-Boule, du champion du monde du cireur de pompe, Eric BEEESSSSSOOOOONNNNN. (Effet d'écrire pour dire en parlant fort, Eric Besson).
Eric Besson :"J'ai été consultant en ressources humaines pendant six ans.Je pense avoir le flair. Jean Sarkozy a un talent que personne n'étouffera." Comme ça, c'est dit.

Mais bon, moi j'aime bien Paris-Match. Malgré tout. Allez comprendre.

dimanche 25 octobre 2009

Des montres mythiques et de ceux qui les portent, la Rolex Submariner

Deuxième volet du rendez-vous dominical du Blog d'Isaac. Cette semaine la Rolex Submariner.

La Submariner est dévoilée en 1953 et présentée au public à la foire de Bâle au printemps 1954. A cette date, peu d’amateurs de montres auraient misé sur la destinée incroyable de la nouvelle ROLEX. Avant tout destinée aux sportifs de l’extrême et aux professionnels des métiers à risques, elle ne correspondait en aucun point aux standards d’élégance de l’époque.


Une légende était née. Le bracelet en acier, la lunette tournante et la loupe pour lire la date dès son introduction. La submariner est progressivement devenue une icône horlogère, puis a dépassé le cercle des amateurs de belles mécaniques pour devenir un objet de mode, que même les femmes ont volé à leur mari.

Pour forger sa légende, on pourra citer les performances techniques, le design novateur, mais il ne faudrait pas oublier Sean Connery qui en fit la montre officielle de l'agent 007 dès le premier opus de la série.

Portée donc par James Bond.

Portée par Steve McQueen.Portée par Isaac.

Portée par Sharon Stone.



Portée par James Cameron.



Portée par Elsa Benitez

samedi 24 octobre 2009

De la FIAC 2009

Il restera deux jours aux lecteurs de ce blog pour profiter de la FIAC. Deux lieux prestigieux.
La cour carrée : on y retrouvera uniquement des galeries présentant de l'art contemporain déjà très établies mais ne jouant pas encore les tous tous premiers rôles. Car les places sont chères pour être admis au Grand Palais. Très chères.
Grand Palais où on retrouvera en plus des créations contemporaines des artistes dits "modernes" : Léger, Fontana, etc.

En résumé. Une cour carrée décevante. Très décevante. C'est un peu un grand bazar. Entre nous, beaucoup de n'importe quoi. Beaucoup.
On retiendra toutefois la galerie Eric Dupond de Paris qui présente une maquette du jeune Clément Bagot, une installation de Pascal Convert et une série magnifique de photographie de Régina Virserius.

Pascal Convert


Et la galerie Sorry we're closed de Bruxelles, qui présente Guillaume Bresson. Isaac a beaucoup aimé. Un Valentin de Boulogne contemporain (Clin d'oeil à A.).

Guillaume Bresson


Et un grand Palais magnifique. Un spectacle de très, très grande qualité. Une première d'abord. Avec la création d'un espace de type muséal où plusieurs très importantes galeries internationales ont collaboré pour créer un lieu unique et magnifique. Picasso, Léger, Calder, Rothko, Bacon. Toutes les pièces sont des chefs d'oeuvres et sont ici à vendre.


Un moment particulier devant la toile de Bacon "Portrait of George Dyer". C'est devant une toile de cette série qu'une émotion si forte avait étreint votre serviteur jusqu'aux larmes lors de l'exposition Bacon montée à Londres l'année dernière. George Dyer, l'ami de Francis Bacon, qui se suicida. A nouveau, me voilà estomaqué par Bacon. Même cause, mêmes effets. Emotion si forte que la rédaction souhaite à chacun. Parenthèse ouverte pour répondre à Pierre Bergé qui considère qu'on ne pleure pas devant l'art. Hérésie. L'art c'est certes cérébral, politique parfois, contestaire, religieux, mais c'est aussi et avant tout l'émotion. Curieux Pierre Bergé, collectionneur et ami des artistes mais qui refuse l'émotion intime. Parenthèse refermée.

Francis Bacon
Les galeries aux stands très réussis ne manquent pas. Une recommandation : Karsten Greve. Tout y est magnifique. Louise Bourgeois, Pierre Soulages, Luise Unger, Jannis Kounellis, et Claire Morgan, jeune artiste irlandaise de 29 ans.


Claire Morgan