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mardi 21 septembre 2010

De la ballerine Repetto - les classiques féminins (1)


J'ai longtemps cru qu'il n'y avait aucune différence, qu'entre la ballerine lambda (plate, bouts ronds, petit noeud) et la ballerine Repetto, c'était seulement une question de marque.
Même à la danse, on nous faisait éviter les chaussons Repetto.
Bref, je les ai toujours snobés.
Et puis voilà que cet été, flânant désoeuvrée dans un Paris désert, et m'étant tout juste décidée à mettre à la poubelle deux paires de ballerines (des Agnès b. qui, soit dit en passant, ont impeccablement tenu pendant des années), je passe devant Repetto.
Tiens, pourquoi pas entrer? J'avise en effet une paire en daim bleu qui pourrait bien aller avec mes tenues du moment.
J'essaie.
Et là, miracle.
La ballerine Repetto, ce n'est pas une chaussure, ce sont des chaussons! Je retrouve toute les sensations: celle du cuire ultra souple et de la semelle qui épousent les mouvements du pied. La couture est aussi celle de chaussons de danse.
On s'y sent hyper bien, le pied parfaitement gainé. En fait, on a quasiment l'impression de ne rien porter.
Et puis, autour de moi, j'observe les tutus, ceux à plateau et ceux en chou-fleur (pour les tout petits rats), les pointes en satin rose, les chaussures pour les "danses de caractère" ...
La musique de fond, c'est le Chopin arrangé spécialement pour les battements et les entre-chats qu'égrainent tous les cours de danse.
Du coup, j'en ai pris deux paires.
Et la semaine d'après, une troisième paire!

— Le service est impeccable, et les chaussures, parfaitement emballées dans du papier de soie rose et rangées dans une jolie boîte qu'on n'a pas envie de jeter.

NB: elles sont cependant fragiles: demandez au cordonnier de les renforcer avec une semelle en crêpe la plus fine et la plus souple possible.

Am.

dimanche 17 janvier 2010

De la force des hommes et de leur douceur

C’est la compagnie Geraldine Armstrong / Rick Odums qui nous a fait découvrir ce week-end Rainbow ‘Round My Shoulders de Donald McKayle. Une chorégraphie puissante créée en 1959 sur le destin d’une chaîne de prisonniers condamnés aux travaux forcés et les rêves qui les habitent.

Le corps et l’esprit travaillent ensemble dans cette pièce d’une vingtaine de minutes où les corps douloureux des hommes laissent échapper la profondeur de leurs sentiments intimes.

La force masculine est partout présente ici : par le nombre (7 danseurs), les mouvements rapides et saccadés, les corps massifs agités par les rythmes des magnifiques folk songs collectées par Alan Lomax dans l’amérique noire des années 30 et 40, la lourdeur de leurs pas et des leurs mains sur le bois de la scène. Le geste produit magnifiquement le son qui éclaire le geste. On voit presque la masse qu’ils font voler au dessus de leurs têtes et qui vient s’écraser sur la pierre à leurs pieds. Cet arc en ciel est d’abord tracé par l’outil au dessus de leurs épaules.

Et puis lorsque les prisonnier se reposent enfin, comme de leurs regards surgit une femme-oiseau, unique, toute en grâce aérienne jusqu’aux ondulations des doigts. Les mains et les bras s’envolent, légers et libres, merveilleux désirs nés dans le cœur des hommes assommés de fatigue. Autant de couleurs pour un arc en ciel, les visions se suivent en contrepoint du travail qui reprend, de l’amante (drôle) à l’épouse (bouleversant de douceur) en passant par la mère (troublant de justesse). Pour nous emmener vers le drame final, brusque : les gardes abattent 2 prisonniers qui prennent la fuite.

L’universalisme du sujet nous touche : la condition humaine, l’homme exploité, oppressé, animé par la colère, la soif de liberté, mais aussi la douceur de l’amour. La communauté physique du balais illustre parfaitement la communauté de classe, où la beauté de l’individu se dévoile dans le mouvement collectif. La fraternité des hommes nous émeut lorsqu’ils portent leur frère assassiné. Dans le dernier souffle de celui qui meurt, son corps l’abandonnant, c’est la douceur personnifiée qui vient danser une dernière fois avant l’obscurité et le silence. La valeur de l’homme est portée haut dans le ciel au travers de ce Rainbow magnifique.

df.

On trouvera ici un extrait de la chorégraphie daté de 1959 avec McKayle lui-même si l’on en croit la source.