mercredi 27 octobre 2010

De la FIAC 2010, 3 coups de coeur et un infarctus

Pas de compte-rendu exhaustif ici de la FIAC ou des nombreuses (trop) foires off. On dénoncera peut-être la méthode Coué dont l'ensemble des média semblent s'être emparés : formidable édition ! Quelle fraîcheur à la FIAC ! Et blabla et blabla.
Bon, la cour carrée fut de l'avis général des "connaisseurs" très très médiocre. Alors les médias ont singulièrement manqué de jugeotte.
En revanche, du solide au Grand Palais. Les poids lourds étaient présents : au premier rang desquels Gagosian, fraîchement installé à Paris, rue de Ponthieu.

Bref, mes coups de coeur. L'arrivée de galeries japonaises. Mention spéciale à la galerie Taka Ishii.

Un photographe que j'ai trouvé exceptionnel : Daido Moriyama. Percutant. (galerie Ishii)


Un peintre, Johannes Kahrs. Excellent. (galerie Luhring Augustine).


Et un anti coup de coeur, l'infarctus : Bettina Rheims. Présentée par la galerie Jérôme de Noirmont. Totalement nul. Enfin nul, restons mesuré. De la bonne photo de mode sans doute mais qui ne résiste pas à la proximité des maîtres présentés sous la verrière.
nm.

dimanche 24 octobre 2010

De vin australien, le Cabernet Sauvignon 2000 de Yalumba, courte note


On peut être Français, Bourguignon de surcroît et pour autant ne pas être sectaire en matière de vin. Et voilà une bonne idée. Car le plaisir ne connait pas les frontières et même si mon coeur (et mon palais) me porte près des coteaux ondoyant de Puligny-Montrachet ou de Corton une petite escale ibérique peut s'avérer très savoureuse. Aussi, je vous recommande de vous intéresser à ce remarquable Cabernet Sauvignon australien.

Un "touché" velouté. Un bouquet très inédit pour nos nez formé au pinot de la cote de Nuits. Et un vrai grand plaisir en bouche. Voilà qui est décrit sans les mots du vin, vous voudrez bien ne pas m'en tenir rigueur.
Seul bémol, on ne comprend rien aux appellations/domaines/marques/blabla de ces vins du bout du monde
Rdv ici pour peut-être y voir plus clair.

nm.

De la contestation à la réforme des retraites, où comment jouer du billard à trois bandes


Un récent sondage indique que l'opinion publique est majoritairement ( à plus de 60 %) favorable aux mouvements sociaux qui entendent dénoncer la réforme adoptée cette semaine par le parlement.

Une situation explosive à gérer pour le gouvernement. Qui s'évertue à miniser les impacts des grêves et de la pénurie potentielle de carburant. Mais ne se trompe-t-il pas ? Pourquoi celui-ci ne laisserait-il pas s'installer une réelle pénurie ?

En laissant les grévistes bloquer petit à petit le pays en pleine période de vacances scolaires, le gouvernement aurait pu miser sur un retournement de la population. Mais il risquait aussi de se voir reprocher d'être à l'origine de ces problèmes. D'où l'art de jouer du billard à trois bandes. Un art auquel le pouvoir ne s'est pas essayé. Conscient qu'il est de ses propres limites ? Who knows ...

Au risque de n'avoir aucune issue.

nm.

mercredi 20 octobre 2010

De la Cité, des minarets, des scooters en fourrière


Il nous a été donné à plusieurs occasions l'opportunité de défendre ici-même le droit des musulmans à disposer de lieux de culte, droit légitime étant donné l'importance du nombre de pratiquants en France. En défendant l'idée que la cité est au service des citoyens. Au service.

Alors, une petite mésaventure qui m'est arrivée hier m'a rappelé que nos édiles semblent avoir totalement oublié cette évidence.

En voulant partir au bureau, j'ai constaté que mon scooter n'était plus là où je l'avais laissé la veille. Vu le modèle et son état, je n'ai pas eu le moindre doute. Il ne pouvait pas s'agir d'un vol mais d'une fourrière.

Ha bon ? Et oui, je n'étais pas garé sur une place de 2 roues. Pas par malice ou défiance. Non, mais tout simplement parce qu'il n'y a que très peu de places réservées aux 2 roues dans mon quartier. Or, si vous habitez Paris, vous savez que la dégradation de l'état du traffic a conduit de nombreux citoyens à rouler en scooter en en moto. N'y voyez pas l'expression d'un individualisme forcené, ou de la nostalgie de films comme Easy Rider. Non. Il ne s'agit que de disposer d'un moyen de transport permettant de se déplacer simplement en Ile de France. En voiture, c'est devenu impossible. Passer 1 heure pour parcourir 10 kms n'est pas rare. Bref, le nombre de 2 Roues n'a fait que croitre au cours de ce 10 dernières années.

Que demande le citoyen à la municipalité, ou à la voirie ? Des places de stationnement.
Jusqu'à présent, il n'y en avait que très peu. Mais, rares étaient les PVs et encore plus rares les enlèvements.

Désormais, on sanctionne des gens qui n'ont pas les moyens logistiques de respecter les règles de stationnement. C'est inadmissible.

nm.

mardi 12 octobre 2010

Du dernier Woody Allen, "You will meet a tall dark stranger"


Le dernier Woody Allen, il est comment ? Déjà, il est là. Et c'est le signe du temps. Woody Allen est sans doute mon réalisateur préféré. Et qu'il fasse un film par an n'y est sans doute pas pour rien.

Ben oui. Quelle humilité. Il est réalisateur. C'est son métier. Alors, il écrit. Il caste. Il réalise. Il monte. Et recommence. Car sans doute a-t-il peur du néant. Ce néant qui le terrifie. Ce néant qu'il raconte. J'ai beaucoup de tendresse pour homme qui finalement ne se la joue pas artiste mais artisan. Le boulanger n'attend pas l'inspiration pour chaque matin se lever et vendre du pain frais. Il travaille. So does Woody.

Donc, après plus de 40 ans de carrière, ce bon Woody se lève chaque matin et pétrit son pain. Le témoin du temps qui passe. C'est bien.


Et ce Dark and Tall stranger ? Bon pain ? Pas mal. Une narration qui est très proche d'une écriture littéraire. Réussi. Un casting hyper réussi lui aussi. Mention spéciale à Anthony Hopkins, et à Antonio Banderas et à Naomi Watts et à Josh Brolin, bref à tous ! Moralité, le Woody sait drôlement s'y prendre pour monter un casting et diriger son monde.

Les thèmes ? Rien de neuf sous le soleil Allenien. La peur de la veillesse, de l'impuissance, l'absurdité des choix hédonistes, l'égoisme. Et l'amour de l'humanité dans sa fragilité, dans son aspiration au bonheur, dans ses difficultés à l'atteindre.

C'est pas mal ce film. Mais j'ai néanmoins une hypothèse. C'est que Woody Allen est trop timide. Trop timide par assumer totalement son propos. Et ses films, et celui-là en particulier, sont des toiles un peu impressionnistes, aux contours parfois flou. On sourie, on se laisse aller à des blagues, les scénarios s'égarent parfois, se perdent. Et la clé ? L'humanité.


nm.

dimanche 10 octobre 2010

De l'excellence de l'athlète


Quand le corps est une machine parfaitement maitrisée. Que le parcours des 20 kms de Paris est totalement en osmose avec le coureur. Que votre serviteur atteint la perfection.

Temps ? 02:01:19

Classement ? 15653 sur près de 22000 participants.

A nous deux Londres 2012 !

nm.

Du Clos des Sens à Annecy, chez Laurent Petit


Le blog d'Isaac s'est offert un petite virée en Savoie. A Annecy. Pour s'oxygéner, visiter l'exposition Samuel Rousseau que donne la fondation Salomon et ... se faire le Clos des Sens. 2 étoiles michelin et un menu végétarien qu'on se régalait de découvrir.

Bon, on fait les rabat-joies ? Le cadre n'est pas extraordinaire. Ca se voudrait élégant mais bon. Peut mieux faire.

Le service ? Pas mal. Bien pour un deux étoiles. La cuisine ? Intéressante. Un chef, Laurent Petit qui s'inscrit dans la lignée de Michel Bras. Il cultive son propre jardin, s'inspire de la cuillette du jour (champignons, fleurs des montagnes).

Le repas donc. 10 plats, 3 desserts. Une coupe de champagne et de l'eau pétillante. C'est léger. Parfaitement exécuté. Le timing (Dieu que c'est important) est parfait. C'est bon. C'est parfois appuyé pour garantir l'effet de surprise et jouer du spectaculaire. Mais il y a de vrais très bonnes choses. La salade qui se mange du bout des doigts. Le cèpe. Le risotto au concombre dont j'ai aimé les intentions.

Et les desserts à se pâmer chers lecteurs. A se pâmer. A se pâmer (il faut le dire !).

Bref : a ne pas manquer pour qui visite la région.

nm.

lundi 4 octobre 2010

De la rentrée littéraire, "Orphée décapité" de Anne Malherbe


Cette rentrée littéraire 2010 ressemble follement aux précédentes. Plus de 700 romans et plus de 200 nouvelles sont publiés. Des stars de l'édition comme Houellebecq ou Amélie Nothomb assurent leur fonction de blockbusters des ventes.
Alors ? Alors pour de la fraîcheur, on se tourne vers une maison d'édition qui renait de ses cendres : les nouvelles éditions Scala. Celle-ci crée l'évènement dans le milieu de l'art en proposant à des grands noms de la presse, du milieu universitaire et du monde des curateurs de publier des fictions autour d'un grand artiste et de l'idée de la vie dans son atelier.
Voilà bien un bien singulier concept me direz-vous !
Pour pimenter le tout, Nadeige Laneyrie-Dagen dirige cette collection. Pour les béotiens, Madame Dagen enseigne l'histoire de l'art à l'Ecole Normale Supérieure. Elle a publié l'un des succès de l'année 2009 avec ses "Détails vus au Louvre" aux éditions de La Martinière. Bref, ça envoie du bois. Madame la directrice de collection a donc sélectionné trois auteurs pour les premières publications qui sont en vente dans toutes les bonnes librairies depuis le 30 Septembre.

Pierre Wat, Anne Malherbe et Philippe Dagen (il aurait pas eu un piston ?).

Pierre Wat, professeur d'histoire de l'art à Paris-1 est un spécialiste du romantisme et auteur d'un Turner très remarqué. Il publie ici "Les Nymphéa, la nuit" mettant en scène Monet.

Philippe Dagen, professeur d'histoire de l'art à Paris-1 est un ogre. Figure hyper respectée (et crainte) de la scène intellectuelle parisienne, le monsieur tient la rubrique du Monde depuis plus de vingt ans. Boum. Il publie ici "L'australien" autour de Gauguin.

Et la benjamine, Anne Malherbe. Normalienne, curatrice remarquée, elle collabore depuis plus de 4 ans à artpress, la très respectée revue dirigée par Catherine Millet. Anne Malherbe est directrice de collection auprès de la maison d'édition Ides et Callendes et est l'auteur de plusieurs monographies et essais.


Orphée décapité, donc. Premier récit romanesque de la demoiselle. Qui nous plonge au coeur du Paris du second empire. Un récit qui met en scène Gustave Moreau, aux prises avec la création de son Orphée, aux prises avec la modernité naissante, aux prises avec lui-même et avec deux femmes qui trouvent dans son atelier un magnifique champ de bataille. Le livre est très réussi. suspendu hors du temps, hors des modes. La Malherbe se joue des conventions, des habitudes des lecteurs du XXIe siècle et en amoureuse de Gracq, de Proust et de la belle langue, elle balance une prose en apesanteur. Magnifique écrin à une intrique tout en retenue. Une intrigue qu'on pourrait croire désuète mais qui est véneineuse à souhait et légère à légère à la fois.

Et la jeune auteure s'empare du récit pour faire partager son amour de Paris, en nous prenant par la main et en guidant le lecteur à Belleville, aux Jardins des plantes, dans la nouvelle Athènes. Un Paris en pleine mutation, comme l'art de cette seconde moitiée du XIXe siècle. Et l'auteure ne se prive d'ailleurs pas d'émailler son récit de réflexions passionnantes sur ces mutations et sur le sens de celles-ci.

Bref, c'est beau. C'est cultivé. C'est intelligent. C'est psychanalitique. Une Arthur Schnitzler version 2010.

nm.

samedi 2 octobre 2010

Des hommes et des dieux

« D’habitude un film comme ça, c’est au Rialto sans clim avec 3 personnes dans la salle et sans popcorn, sinon tu les fais fuir (les 3 personnes) »

C’est vrai que un million et demi de spectateurs qui se déplacent pour voir des hommes et des dieux, c’est beau. C’est beau comme Lambert Wilson, juste comme il faut, me souffle ma voisine. C’est beau aussi comme le questionnement profond qui parcourt tout le film : être fidèle à ses valeurs ou les contourner, tenir son point d’encrage ou céder sous les vagues, être dans la vie ou la mort.

Xavier Beauvois filme au plus près ces hommes qui s’interrogent, doutent, et finalement construisent leur humanité. Où l’on voit la liberté de choisir et la difficulté de construire un choix avec lequel être en paix.

Comme rarement, le réalisateur prend son temps pour montrer les sentiments complexes qui naissent de nos âmes, les mouvements de nos cœurs entre résignation, effroi, sérénité, fraternité. Les visages sont filmés avec patience et l’on y voit passer comme les ombres de ces élans intérieurs. La scène du dernier repas est certainement l’un des plus beaux hymnes à notre humanité.

On regrettera toutefois que le film ne tienne pas ce projet jusque la fin. Dans les dernières minutes, les visages se ferment et la caméra, subissant l’action, ne va plus au delà des apparences. Pire à nos yeux, elle abandonne le point de vue intérieur des protagonistes et la joie de résider dans la vérité, pour laisser place au sentiment extérieur de drame et de souffrance. Alors que l’interrogation récurrente du martyr y est passionnante, le film semble conclure trop rapidement. Pourquoi ne pas avoir pris le temps ?

Dommage donc, mais le corps de cette œuvre reste une merveilleuse nourriture pour nos esprits. Et puis trop d’bol, y’avait des m&m’s. Alleluia.

df et cd.