mardi 18 août 2009

De l'industrie de la musique


Depuis plusieurs année, les artistes et leurs maisons de disques nous jouent un requiem pour le moins désagréable. Un concert de pleureuses incessant. Se plaignant des vilains pirates qui les empêchent de gagner leur vie.

Petit rappel : si ces pirates s'en donnent à coeur joie, c'est que la technologie leur permet de le faire : les accès haut débit permettent de télécharger très vite et à peu près tout ce qui traine sur la toile. Or, qui fournit ces accès ? Les opérateurs telecom.
Et qu'ont fait les opérateurs ces dernières années ? Ils ont racheté des sociétés comme Time Warner ou Universal. C'est à dire ceux là-même qui se plaignent des pirates ... Paradoxal ? Sans aucun doute. Les mecs, on arrête de se plaindre et on va voir les collègues qui sont deux étages au dessus pour leur demander de vous reverser une quote part des bénéfices des ventes de forfait internet qui marchent si bien parce qu'ils permettent de ... télécharger à l'oeil !

On vient de régler Hadopi cher lecteur : d'aucun diront que la situation est plus complexe. Pas si sur.

Deuxième point. Au cours de ces 8 dernières semaines, un artiste a vendu plus de 16 millions d'albums. Certes, l'effet nostalgique joue à fond. Mais cela prouve au moins deux choses.

Un : le consommateur est prêt à payer pour avoir un album.

Deux : le consommateur n'est peut-être prêt à payer que si les albums sont vraiment bons.

Moralité, les mecs, on se remonte les manches, et on sort de bons albums. On arrête de pleurer.

mercredi 12 août 2009

Du burkini, courte note


Petite définition, le burkini est au maillot de bain pour femmes ce que le niqab est à la garde robe urbaine de celles-ci.

Et dernièrement, le responsable de la piscine municipale d'Emerainville a interdit l'accès à Carole, une jeune musulmane française, qui se présentait avec cette étrange tenue de bain. Elle a donc décidé d'en appeler au MRAP, SOS Racisme et de porter l'affaire en justice, criant au racisme et à la discrimination.

Ici même, nous soutenions la liberté de porter le niqab ou la burka.

Mais en l'occurence, ma petite cocotte (Carole), tu vas un peu loin, ne crois-tu pas ? Isaac se voit lui aussi interdit de piscine lorsqu'il veut mettre son caleçon de bain. La règle n'est pas politique, ou raciste. Il s'agirait d'hygiène. Donc , si ça ne te convient pas, tu fais comme lui (je déteste les petits slips de bain, ha pudeur ...) et tu ne vas plus à la piscine.

lundi 10 août 2009

De la (re)découverte de la grande galerie du Louvre, Part 2

Reprenons.

Et toujours sur votre droite,
Fra Bartolomeo, qui tout comme Fra Angelico, se trouvait être à la fois frère à San Marco et peintre. Voilà une toile, dont petit à petit, j'apprends à découvrir les beautés cachées. Un mariage de St Catherine de Sienne. Observez notamment la surprenante accolade entre les deux frêres, La blancheur troublante de St Catherine, et la figure statutaire du personnage de droite.


Puis de part et d'autres,

Raphaël. Ce n'est pas le propos de cette note que de signaler les oeuvres immanquables. Néanmoins, allez, pour le plaisir, trois oeuvres du maître.

La Sainte Famille. Une de mes préférées. Pour l'harmonie, la composition. La figure de Joseph dont les traits semblent très légèrement floutés, St Elisabeth caravagesque, les drapés de la vierge et le marbre au sol.

Et deux portraits. Simples ? Pas simples, non. Justes.





Revenons sur les oeuvres moins visibles.

A droite,

Le Corrège. Il y a du Titien dsans cette toile, et si on m'avait dit que Courbet l'avait signée, je me serais laissé convaincre sans le moindre doute.

Venus et l'amour découverts par un satyre.



Toujours sur la droite,

Le Parmesan.Un autoportrait et un mariage de Ste Catherine.






Puis, revenant à gauche.

Ah ... Pontormo, Bronzino et Rosso. On est presque à Florence. Assez parlé :

Pontormo, donc. Vierge à l'enfant avec St Anne et quatre Saints. Maniera ? Si ! Bellissima !!



Bronzino. Peintre que je trouve de plus passionnant. Génial portraiste. Ce jeune homme a un air prétentieux non ? Un peu sur de lui, de sa caste ? C'est Bronzino !


Et cette vierge ... si séduisante. Bronzino (je laisse ici une ouverture à des commentaires sur la restauration assez particulière de cette toile)



Et Rosso. Le roux Florentin. Incroyable peintre qui pousse son art aux limites de la caricature, du réalisme, du cubisme ou le truffe de références au cabaret allemand de l'entre deux guerres (si si ...)


BONUS :

Le Caravage au Louvre. Parce que j'ai là aussi le sentiment que tant de visiteurs passent devant La mort de la Vierge sans y prêter la moindre attention.


Le Pérugin et Mantegna. Tandis que vous revenez sur vos pas, en face des Leonard, Minerve chassant les vices du jardin de la vertu et Le combat de l'amour et de la chasteté.

Mantegna

Vous noterez le paysage très douanier Rousseau de Pérugin et les visages cachés dans les nuages de Mantegna.

Pérugin

jeudi 6 août 2009

De la (re)découverte de la grande galerie du Louvre Part 1

Pour compléter un article sur la redécouverte d'oeuvres françaises méconnues, je vous propose de nous intéresser à la grande galerie, au salon carré (consacré aux primitifs italiens) ainsi qu'aux salles Duchâtel,Percier et Fontaine. On reviendra à l'occasion d'un autre article sur la salle des états.


Je vous propose de nous attarder sur des oeuvres qui pourraient échapper à une visite rapide, dictée par la course aux chefs d'oeuvres médiatiques. Laissons donc de coté les Leonard de Vinci.

Salle Percier. Ami lecteur, pas de chef d'oeuvre oublié ou à redécouvrir. Il est en effet difficile de manquer les fresques de Boticelli. Néanmoins, je vous recommande de prendre le temps de la contemplation, et de ne pas vous laisser entrainer par le flot des touristes qui courrent en direction du Graal : la Joconde et les noces de Cana.


Salle Fontaine. Faire un stop impératif pour admirer le calvaire de Fra Angelico, fresque qui ornait autrefois une paroi du réfectoire du couvent San Domenico de Fiesole, à proximité immédiate de Florence, et dont Fra Angelico fut longtemps l'un des frères, puis le prieur à partir de 1450. Fra Angelico est sous doute l'un de mes peintres favoris et je vous incite très vivement à prendre tout le temps nécessaire pour pénétrer l'émotion de la vierge et la douceur du christ en croix.





Salon Carré. Difficile de passer à coté du Cimabue et du couronnement de la Vierge de Fra Angelico. Néanmoins, là-encore, je ne peux que recommander la contemplation chez Fra Angelico des couleurs, de la douceur des visages, de l'incroyable rendu du marbre (dont on a pu pu dire qu'il était un prémice de l'abstraction).



Difficile aussi de manquer les Giotto. Donc j'insisterai sur l'annonciation de Bernardo Daddi qui est une petite merveille :





A regarder les visiteurs de cette salle, je remarque régulièrement que ceux-ci s'arrêtent sur les Botticelli, un peu moinssur les Lippi, mais qu'ils manquent la bataille de San Romano du florentin Uccello. Or cette oeuvre, dont il existe deux autres panneaux assez semblables aux Offices et à la National Gallery est un chef d'oeuvre très important de l'histoire de l'art. Ami lecteur, arrête toi et observe l'étrange mise en scène, les couleurs surprenantes des chevaux, des soldats.



Et pour finir, dans ce salon carré, allez re-découvrir que le Louvre possède un Benozzo Gozzoli :



Grande Galerie. On entre ici dans l'un des lieux les plus fréquentés (et de ceux dont le vacarme est le plus insupportable) du musée. Humblement, je vous propose sans plus de discours la sélection suivante. (dans le sens de la visite)

Sur votre droite,

Ghirlandaio : avec ce très touchant portrait d'un vieil homme avec un enfant.

Puis sur votre gauche,

Bellini : avec un calvaire et une vierge à l'enfant entourés de Saints (mention spéciale à ce dernier tableau pour sa composition "bellinienne" que j'aime énormément) :



Puis sur votre droite,

Piero di Cosimo : avec cette magnifique Vierge à l'enfant avec une Colombe, empreinte de mélancolie (?), ce qui est assez mystérieux, et porteuse du miracle de l'incarnation. Vous noterez par ailleurs que Picasso dans sa période bleue semble marcher dans les pas de cette peinture : un oubli de l'exposition Picasso et les maitres !



Toujours sur votre droite,

Le Pérugin, qui a tant inspiré Raphael. "La Vierge et l'Enfant entre saint Jean-Baptiste et sainte Catherine d'Alexandrie"



Puis, sur votre gauche cette fois-ci,

Lorenzo Lotto. Cherchez bien cette toile qui est sans doute l'une des plus petites de la grande galerie par ses dimensions. Un St Jérome perdu (ou qui se retrouve ?) au milieu d'un paysage tortueux. Un St Jérome à la pose d'ailleurs tortueuse.



Et à nouveau à droite,

Andrea Del Sarto, l'un de mes peintres favoris. Qui nous confirme que le maniérisme florentin dont il est l'un des grands représentants n'est en rien moins intéressant que la brêve renaissance "Classique" qui le précède. Vous retrouverez deux superbes toiles. Une allégorie de la charité et une une vierge à l'enfant avec St Elisabeth et St Jean le baptiste.





A suivre ...

mercredi 5 août 2009

De l'exposition Martin Parr, "Planète Parr", au Jeu de Paume

Le jeu de paume présente une exposition autour de Martin Parr, "Planète Parr" jusqu'au 27 septembre 2009.
Je ne vous cache pas que c'était avec curiosité et appréhension que je m'y suis rendu. En effet, vu de loin par le philistin que je suis, je pouvais craindre de classer Martin Parr dans la même catégorie de photographe que David Lachapelle.
En effet, tous deux jouissent d'une renommée ayant dépassée les frontières des happy few de l'art contemporain ou de la photographie. Tous deux jouent beaucoup sur les forts contrastes des couleurs et sur des mises en situation (ou mise en scène coté Lapchapelle) qui de loin peuvent sembler très appuyées. Bref, on peut imaginer avoir des cousins.
Or, j'avais ici-même eu l'occasion de dire combien l'exposition Lachapelle qui avait été donnée à la monnaie de Paris montrait les limites du photographe. Voire la nullité de son travail (nous sommes entre nous).
Fin du suspens, "Planète Parr" est une superbe exposition et Martin Parr n'a rien d'un David Lachapelle. L'une des originalités de l'exposition est qu'elle montre à voir sur tout le rez de chaussée des photographies et objets de la collection de Martin Parr.

C'est intéressant à plusieurs titres.
D'abord parce que les oeuvres exposées sont pour la plupart excellentes. Qu'il s'agisse de l'esthétique, mais surtout du propos.
Plusieurs sections sont proposées. Une, consacrée à des photographes anglais, une autre à des photographes d'autres pays : Japonais, Américains, Allemands.

La section anglaise est passionnante. On plonge ici dans une véritable étude sociologique des classes populaires de l'Angleterre des années 50, 60, 70 et 80. Et j'ai trouvé que ces photos rassemblées sont une grande déclaration d'amour sous forme de poème visuel à cette angleterre ouvrière et modeste des films de Ken Loach.

Les autres sections montrent subtilement des différences de préoccupation et de choix de sujets traités par les phototgraphes. Une sensualité bizarre pour les japonais, un optimisme plus marqué pour les américains, une industrialisation post traumatisme de la seconde guerre mondiale pour les allemands. Bien entendu, ces subtiles différences viennent tout autant des artistes que du choix fait par Martin Parr pour monter sa collection.


Bernd et Hilla Becher


A ce stade de l'exposition, on comprend déjà que Martin Parr ne doit surtout pas être résumé à ce cabinet de curiosité qui présente des montres Saddam Hussein ou du PQ Ben Laden dont la plupart des communiqués de presse nous rabattent les oreilles. On comprend en fait toute l'intelligence, la sensibilité et le grande culture de l'homme.

Autre motif d'intérêt de cette démarche d'une exposition présentant une partie de la collection de l'artiste : son humilité est ici dévoilée. En effet, c'est sans problème que Martin Parr montre dans sa collection de très grands photographes, ses ainées, dont il a pu s'insipirer. Il ne s'en cache pas. Et je trouve cette démarche signe de son amour pour la photographie, de son respect pour l'histoire de la discipline. Une histoire dans laquelle il s'inscrit pleinement dans la continuité.

Je passe ici rapidement sur la collection d'objet pour passer aux photographies de Parr des séries "Luxury", "Small World" et "The Guardian Cities Project" qui sont au premier étage.

Tout y est ou presque. La forme, le fond, et un accrochage magnifique. Avec un discours peut-être assez simple mais subtilement amené : nous sommes tous égaux. En mirroir des classes les plus modestes présentées dans la section anglaise du rez de chaussée, les photographies de Parr renvoie les mêmes attitudes, les mêmes poses, parfois la même fragilité, et toujours la même humanité, avec un soupçon de gentille cruauté tout de même à l'endroit de certaines de ses "victimes".

Martin Parr