dimanche 25 janvier 2009

De Julien Dray


Julien Dray ... l'homme au 130 000 € de montres, qui porte Patek, Rolex, Breitling, Audemars et Richard Mille.

Ou la chronique du verdict incroyablement drole de son procès fictif par le polémiste Patrick Besson, tiré du Point de cette semaine :

"Après en avoir délibéré, le jury d'honneur, présidé par l'homme d'affaires et comédien Bernard Tapie, déclara Julien Dray non coupable des faits qui lui étaient reprochés par le ministère français des Finances. L'accusé accueillit le verdict avec ce petit sourire modeste et sympathique dont il accompagnait naguère chacune de ses interventions télévisées. Il lança, aux membres du jury d'honneur, un regard de suave reconnaissance. Son attention se tourna d'abord, internationalisme trotskiste oblige, vers les membres étrangers de l'assemblée : Omar Bongo, Ehoud Olmert et Bernard Madoff. Ces trois hautes personnalités du monde politique et financier ne lui avaient pas, il est vrai, ménagé leur soutien pendant les interrogatoires et contre-interrogatoires qui avaient jalonné les débats. Le président gabonais refusa même de croire qu'en Europe des montres coûtent 30 000 euros. Personne dans son entourage ne lui avait parlé d'une telle anomalie commerciale. Il affirma que le Parlement français était tombé bien bas pour laisser ses députés porter des montres aussi bon marché. Ehoud Olmert nota que le prévenu n'avait trempé dans aucune transaction immobilière frauduleuse en Israël, ce qui fut porté au crédit de M. Dray par les autres membres du jury d'honneur. Quant à Bernard Madoff, il soutint avec force que la seule faute de Julien Dray était d'avoir dépensé 300 000 euros en biens de consommation alors qu'il aurait pu les placer en actions et obligations et en retirer un bénéfice substantiel, à condition évidemment d'avoir réalisé ses gains avant la chute de la Bourse. François-Marie Banier, autre membre du jury d'honneur, agaçait ses voisins en ne faisant que rire. Une note d'hôtel de 6 000 euros à Monaco ? Rire. Un gueuleton à deux chez Lasserre pour 1 000 euros, vin compris ? Rire. A cause de cet hurluberlu, on ne s'entendait plus. Michel Noir et Jean-Christophe Mitterrand, autres personnalités siégeant dans cette auguste assemblée de sages, tentaient en vain de calmer l'écrivain photographe. L'hilarité de celui-ci atteignit son paroxysme quand fut révélé au jury d'honneur le prix pourtant élevé des nouvelles chaussures du député de l'Essonne. Le président Bongo menaça de quitter le procès, soupçonnant l'accusation de truquer les chiffres en omettant à chaque fois un ou deux zéros. Le juré d'honneur Doc Gynéco souligna, à sa manière féline et somnolente, que le socialiste n'avait pas fraudé le fisc, ce que personne ne put contester. Christophe Roquencourt était demeuré silencieux pendant toute la séance, quand Jacques Attali lui demanda son avis sur Julien Dray. Le jeune juré d'honneur, sans doute influencé par son long séjour aux Etats-Unis, répondit en anglais : « He's a cool guy. » Avant de conclure les débats, le président Tapie demanda à deux autres membres du jury d'honneur, Pierre Falcone et Loïk Le Floch-Prigent, de donner leur opinion sur le fait que Julien Dray n'avait pas, en plusieurs années, retiré un seul euro de sa banque en argent liquide. Après un court moment de stupeur devant une question aussi naïve, ils dirent de concert que seuls les ploucs retirent de l'argent liquide de leur banque, les gens bien le retirent d'une valise. La blague fit beaucoup rire Bernard Tapie, qui proposa l'acquittement du député. Celui-ci put alors reprendre ses fonctions au sein du Parti socialiste afin d'accélérer l'arrivée, dans notre pays, d'une société plus juste et généreuse pour tous."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Magnifique people-fiction ! Du grand talent Isaac :o)))
Piso