samedi 17 avril 2010

De dénoncer ou pas des criminels lorsqu'on est journaliste


Très récemment, une polémique assez virulente a eu lieu à l'occasion de la diffusion sur France Télévision d'un numéro des "Infiltrés" consacré aux réseaux pédophiles.

Petit rappel.
Les infiltrés est un magazine d'investigation qui repose sur l'infiltration (!) de journalistes qui enquêtent sans faire état de leur carte de presse, en caméra cachée. Des infiltrés qui filment à l'insue des individus "étudiés".

Très récemment donc, un numéro consacré à la Pédophilie a défrayé la chronique. En effet, suite à cette enquête, certains des journalistes infiltrés ont pu rencontrer des pédophiles en activité. Qui leur expliquaient leurs intentions de pousuivre leur sinistre chasse, tout en étant très précis pour certains s'agissant des cibles qu'ils avaient dans leur ligne de mire. Des agressions étaient imminentes.

Les journalistes, à l'issue de cette enquête, ont rencardé la police. Celà a donné lieu à plus de 20 arrestations.

Et c'est à ce propos que le débat a fait rage. Opposant ceux qui considèrent que les journalistes doivent absolument protéger leurs sources aux ... autres.

Robert Ménard, ancien président de RSF, est l'un des tenants les plus radicaux de cette première posture. Il a défendu becs et ongles le respect d'un comportement modèle du journaliste qui n'a pas à donner ses sources, aboyant sur tous ceux qui ne sont pas de son avis. Et rappelant avec fierté (on se demande pourquoi) qu'en Suède, selon leur législation, ce sont les journalistes qui auraient été écroués. Ok, et depuis quand la Suède doit-elle être considérée comme un étalon législatif et moral ? Ce Robert Ménard est totalement à la dérive.

Et les autres.

Les autres sont divisés en deux groupes. D'abord, il y a ceux qui considérent que le journaliste est aussi un homme. Et que sa conscience ne peut pas se plier à certaines règles, aussi déontologiques soient-elles, au regard de circonstances exceptionnelles. L'agression d'un enfant faisant partie de toute évidence de ces circonstances.
Nous faisons sans doute partie de ce groupe à la rédaction.

Mais surtout, il y a ceux qui constatent que dans cette affaire, la déontologie est totalement respectée. En effet jamais les enquêteurs ne se sont présentés comme journalistes. Donc aucun contrat "moral" n'a été passé avec les individus qu'ils dénonceront, comme c'est parfois le cas.
Nous sommes totalement en ligne avec cette vision de l'affaire à la rédaction.

nm.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cela fait très mal...
D'oublier l'humain sous prétexte de neutralité.
Qu'en est-il de la loi? Met-elle des
limites à cette soit disant conscience professionnelle? Ne rien dire, est-ce consideré comme un crime indirect aux yeux de celle-ci?
N'est-il pas naturel que la loi surpasse la conscience professionnelle quand bien même elle serait applicable ici?
Car si l'on allait au bout du raisonnement, qui choisirait de sacrifier un enfant pour éviter d'être viré... Qui accepte
un travail lui demandant de tels sacrifices ne mérite-t-il pas d'être jugé?
Almellit