lundi 16 novembre 2009

Des illustrations (1) - l’interdit de dévoration à l’origine de l’humanité


« Yahvé Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé ». Homme et Dieu face à face, symétriques, Homme à l’image de Dieu, Dieu à l’image de l’Homme. D’une main il emmène l’homme dans le jardin et de l’autre, index levé, il lui donne son commandement. D’une main il se laisse conduire, accueilli, et de l’autre, paume ouverte, il semble accueillir. L’arbre de la connaissance en axe de symétrie entre Homme et Dieu.

« Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas ». Le premier interdit à l’origine de l’humanité nous dit la bible. Où la liberté de l’Homme est mise à l’épreuve. Où la faculté de décider ce qui est bien et mal est en question.

Une récente lecture de Michela Marzano nous livrait un éclairage nouveau sur ce mythe ancestral. Plutôt que l’interdit de connaissance, elle propose d’y voir un interdit de dévoration visant à protéger la différence et l’alterité : tout n’est pas « objet » dans ce monde, tout n’est pas « consommable ». Il y a l’autre, et l’autre ne se mange pas. L’interdit de manger un seul arbre, c’est une limite que l’on met, un point de non assimilation, d’inconnaissance qui permet à l’autre d’exister comme autre. C’est une place pour la possibilité d’un autre que l’on garde.

Tu ne dévoreras pas l’autre afin de ne pas te détruire toi-même. Parce que dans le dévoilement intime de la relation à l’autre, nous saurons que nous, aussi, ne serons pas dévorés, détruits, effacés.
df.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il semblerait que Crumb soit d'accord avec l'interprétation nouvelle que tu nous proposes!

Am.

Anonyme a dit…

oui la beauté de cette image de face à face fragile entre Eve nue et cet arbre noueux est saisissante. la vulnérabilité de cette femme est palpable.
df.

Anonyme a dit…

Intéressant, mais il y a aussi une autre possibilité:
l'Homme (dans le sens Humain) choisit de cueillir la pomme, il choisit la connaissance, malgré le danger.
Il est dangereux de se séparer de la protection directe de Dieu et du Paradis d'Eden. Mais il préfère savoir. Savoir quoi? Peut être connaitre lindividualité, quitte à oublier pour un temps la fusion avec l'amour et le bonheur. Quitte à endurer le malheur le temps de se souvenir d'où il vient.
L'homme est courageux...
Almellit