Quelle immense joie d'avoir eu l'occasion de visiter cette exposition lors de mon récent séjour à Rome. Une rétrospective, la plus importante jamais organisée sur Beato Angelico (l'artiste a été béatifié en 1984 par Jean-Paul II) depuis 1955 et les expositions de Florence et du Vatican.
Quelques repères historiques peut-être : Fra Angelico est un frère dominicain né en 1400 et mort (ce n'est pas le bon mot, l'artiste étant passé à une postérité infinie) en 1455. La tombe de Fra Angelico est par ailleurs visible dans l'église Maria Sopra Minerva, tout près du Panthéon, siège des dominicains à Rome. Je vous recommande vivement d'y passer, à la fois pour vous recueillir sur sa tombe mais aussi pour admirer le trésors magnifiques qu'elle héberge : Christ de Michel-Ange, fresques de Pinturicchio et de Fillipino Lippi. Une église pleine de grâce.
Revenons donc à cette exposition superbe qui durera jusqu'au 5 juillet. Elle présente une rétrospective de l'oeuvre du frère des anges qui couvre l'ensemble de ses travaux, ce qui inclue non seulement ses peintures mais aussi des dessins, des études et des travaux d'enluminure. J'ai notamment été totalement pétrifié par la magnifique Annonciation du Museo della Basilica di Santa Maria delle Grazie de San Giovanni Valdarno, l'une de ses deux annonciations sur tableaux avec celle de Cortone (que je me languis de voir !).
Et par les jugements derniers, et par les études sur dessins, et finalement, je crois par chacune des pièces présentées. Une exposition émouvante tant on ressent la densité des recherches de Fra Angelico pour proposer des solutions et des représentations à des enjeux ausi complexes que l'annonciation, l'incarnation, la grace ou le christ juge.
Ce qui est formidable avec ces grands peintres du quatrocento, comme Fra Angelico, mais aussi Piero della Francesca ou avant eux Ambrogio Lorenzetti , c'est la que la peinture est au service du sens et de l'intelligence : le mystère de la foi bien entendu, mais aussi la condition humaine. Et ces peintres pensent leurs oeuvres pour appuyer leur discours et lorsqu'on se donne la peine (la joie devrais-je dire) de contempler et de se documenter sur ces oeuvres, on est emporté par une grace d'intelligence, d'humanisme et d'émotions à la fois.
A ne manquer sous aucun prétexte.
Et un grand merci à Daniel Arasse et à AM pour m'avoir appris à aimer ces oeuvres et m'aider à acquerir des clés de lecture.
1 commentaire:
C'est une excellente idée, très cher Isaac, d'aller puiser de la douceur et de la paix auprès de Fra Angelico, maître en Grâce! ... une prochaine visite s'impose au couvent San Marco, à Florence, où le Maître a peint les cellules de chacun des moines!
LP
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