Je ne vous cache pas que c'était avec curiosité et appréhension que je m'y suis rendu. En effet, vu de loin par le philistin que je suis, je pouvais craindre de classer Martin Parr dans la même catégorie de photographe que David Lachapelle.
En effet, tous deux jouissent d'une renommée ayant dépassée les frontières des happy few de l'art contemporain ou de la photographie. Tous deux jouent beaucoup sur les forts contrastes des couleurs et sur des mises en situation (ou mise en scène coté Lapchapelle) qui de loin peuvent sembler très appuyées. Bref, on peut imaginer avoir des cousins.
Or, j'avais ici-même eu l'occasion de dire combien l'exposition Lachapelle qui avait été donnée à la monnaie de Paris montrait les limites du photographe. Voire la nullité de son travail (nous sommes entre nous).
Fin du suspens, "Planète Parr" est une superbe exposition et Martin Parr n'a rien d'un David Lachapelle. L'une des originalités de l'exposition est qu'elle montre à voir sur tout le rez de chaussée des photographies et objets de la collection de Martin Parr.
C'est intéressant à plusieurs titres.
D'abord parce que les oeuvres exposées sont pour la plupart excellentes. Qu'il s'agisse de l'esthétique, mais surtout du propos.
Plusieurs sections sont proposées. Une, consacrée à des photographes anglais, une autre à des photographes d'autres pays : Japonais, Américains, Allemands.
Bernd et Hilla Becher
A ce stade de l'exposition, on comprend déjà que Martin Parr ne doit surtout pas être résumé à ce cabinet de curiosité qui présente des montres Saddam Hussein ou du PQ Ben Laden dont la plupart des communiqués de presse nous rabattent les oreilles. On comprend en fait toute l'intelligence, la sensibilité et le grande culture de l'homme.
Autre motif d'intérêt de cette démarche d'une exposition présentant une partie de la collection de l'artiste : son humilité est ici dévoilée. En effet, c'est sans problème que Martin Parr montre dans sa collection de très grands photographes, ses ainées, dont il a pu s'insipirer. Il ne s'en cache pas. Et je trouve cette démarche signe de son amour pour la photographie, de son respect pour l'histoire de la discipline. Une histoire dans laquelle il s'inscrit pleinement dans la continuité.
Tout y est ou presque. La forme, le fond, et un accrochage magnifique. Avec un discours peut-être assez simple mais subtilement amené : nous sommes tous égaux. En mirroir des classes les plus modestes présentées dans la section anglaise du rez de chaussée, les photographies de Parr renvoie les mêmes attitudes, les mêmes poses, parfois la même fragilité, et toujours la même humanité, avec un soupçon de gentille cruauté tout de même à l'endroit de certaines de ses "victimes".
Martin Parr
1 commentaire:
cher isaac, encore une fois bravo, pour cet article brillant et très complet
pascal
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