mardi 29 juin 2010

De Nicolas Hayek, 1928-2010




Difficile de ne pas rendre hommage à Nicolas Hayek. L'homme d'affaire suisse d'origine libanaise est décédé hier. Patron du Swatch Group, il a été l'un des grands artisans du sauvetage de l'industrie horlogère suisse dans les années 80. Une époque que les moins de vingt ans ... où l'Asie avait juré de liquider nos belles mécaniques assemblées dans la vallée de Joux ! Argh !

Le Swatch Group ? Swatch, Blancpain, Breguet, Omega, Glasshütte, Jacquet Droz, Léon Hatot, Tiffany, Longines, Rado. Entre autres.

nm.

dimanche 27 juin 2010

Des feux d'artifice ou de rêver éveillés

Bleu. Rouge. Joie.
Les cris de surprise à la première détonation.

Luciole dans les étoiles. Baleines dans le ciel. Tristesse.
La musique nous emporte.

Pluie d’étoiles filantes. Eclats d’astres pétillants.
Je retiens mon souffle.

Explosions sur nuages éclairés. Comme un soleil perce le ciel orageux.
Les commentaires espiègles des adolescents émus.

J’ai cru voir des ailes projetées dans la nuit.
La vague des applaudissements qui suit le tonnerre du final.

Des centaines d’enfants, adolescents, adultes, jeunes et vieux, se sont rassemblés hier soir sur l’herbe de Cesson Sévigné pour regarder un feu d’artifice. C’est bon signe de voir autant de personnes venues contempler la beauté simple des jets de couleurs dans le ciel, venues chercher un rêve hors de leur sommeil.

Une communauté d’hommes et de femmes réunis dans l’émerveillement, une humanité dans la rêverie du soir. Et puis ils s’en sont allés danser le madison, la musette sautillante et le flip flap au bal populaire place de l’église. Quelle belle nuit !

df. et cd.

De Dynasty: part One, la section Palais de Tokyo

L'exposition Dynasty nous propose, jusqu'au 5 septembre, un accrochage de 40 artistes sur deux lieux : Le Palais de Tokyo et le Musée d'art moderne de la ville de Paris (dont les serrures ont été changées !).
Chacun des artistes présente ainsi une ou plusieurs oeuvres dans chacun de ces espaces.
Dynasty ce n'est pas une référence à la série culte qui voyait Joan Collins nous régaler de son jeu d'immense tragédienne.
Dynasty donne à voir 40 propositions parmi une génération d'artistes de moins de trente-cinq ans, artistes français ou travaillant en France.
Une opportunité exceptionnelle pour eux comme pour nous.

Pour cette "part one", Le Blog d'Isaac partage avec vous ses coups de coeur de la section Palais de Tokyo.
Farah Atassi, 29 ans, belge vivant et travaillant à Paris.
Pour sa peinture à la fois très influencée par l'école allemande contemporaine et dont le propos est très efficace : dénuement d'intérieurs modestes où certains éléments sont restés sans peinture. Perspective à la Piero Della Francesca très travaillée. Vraiment magnifique.




Guillaume Bresson, 28 ans, toulousain, vivant et travaillant à Paris. Que j'avais découvert lors de la Fiac. Et qui à nouveau m'a totalement bluffé avec ces deux peintures. On dit de lui qu'il peint comme un Caravage qui mettrait en scène l'urbanisme contemporain. Hyper réussi. Très enthousiasmant.




Jean-Xavier Renaud, 33 ans, vit et travaille à Hauteville. Boom. On se pose la question devant ce "Conseil municipal" : est-ce bien ? C'est un dessin à la craie grasse qui n'apporte pas immédiatement une réponse. Et puis, on s'arrête. On se dit que c'est vachement bien. Et on se souvient avoir déjà beaucoup aimé son travail, présenté à Docks (la foire de Lyon) en Septembre dernier par la galerie Françoise Besson.



Duncan Wylie, 35 ans, zimbabwéen vivant et travaillant à Paris. As usual. Top. Je vous renvoie à l'article de artpress pour un discours savant sur le monsieur.



Par ailleurs, je vous invite très vivement à acheter (ou voler si cela vous chante) le numéro de juillet de artpress. Une magnifique peinture de Duncan Wylie, artiste tenu dans nos colonnes en trés haute estime, orne la couverture (quelle bonne idée); l'édito est lui aussi consacré à l'exposition ainsi que 6 articles de fond explorant le travail des artistes suivants : Gabriel Abran­tes et Benjamin Crotty, Moha­­med Bourouissa, Benoît Maire, Florian Pugnaire et David Raffini, Oscar Tuazon et Dun­can Wylie.

nm.

samedi 26 juin 2010

Du mariage homosexuel, à l'occasion de la Gay Pride


On se le dit. Je suis tout à fait favorable au mariage républicain ouvert aux personnes d'un même sexe.

Parce que la république doit garantir l'égalité des droits pour tous les citoyens, et que l'orientation sexuelle n'a pas à être facteur d'exclusion civique. La république doit être au service des citoyens et il nous faut être totalement paranoiaque s'agissant de la défense de l'égalité.

nm.

vendredi 25 juin 2010

De Rama Yade, l'être ou le néant


Invitée hier matin sur RMC info, Rama Yade a délivré une performance incroyable, tant sur le plan tactique que technique ...
Son objectif était de toute évidence de faire passer 3 messages :
1. Quel scandale cette élimination : les responsables doivent en tirer toutes les conséquences. Vraiment c'est une bérézina, un scandale, une tragédie.
2. Rama, elle est secrétaire d'état aux sports ; elle a bossé son sujet et elle a une super idée. On va donner des cours de civisme aux futurs champions. C'est génial comme idée.
3. Passer pour quelqu'un de sympa et ne pas se mouiller. Illustration. A la question annexe de Bourdin : "que pensez-vous du licenciement de Guillon ?" Réponse de Yade, en susbstance : elle se dit très embêtée, car elle le trouve drôle et considère très salutaire l'humour qui consiste à brocarder les politiques.

...


Rama Yade .... Qui nous a gratifié lors de cet interview d'une explication totalement folle s'agissant de la visite du township de Knysna. souvenons-nous. Après sa sortie sur le luxe de l'hotel des bleus, la relation Yade-sélection était pluxs que fraiche. Résultat, l'équipe de France a visité le township 2 heures avant la venue de la secrétaire d'état, alors que cet évènement avait vocation a réunir la sélection et Rama Yade. Du coup, Rama Yade a fait sa visite seule. Mêmes lieux, mêmes discours ... Ridicules. Et hier matin, elle nous explique qu'elle ignorait que l'équipe de France devait faire cette visite.

Langue de bois ?

Rama Yade répond aux questions de Bourdin :
Question : "Escalete doit-il démissionner ?"
Réponse : "C'est à lui de se positionner, il doit prendre ses responsabilités,je ne peux pas prendre une décision à sa place"
Question : "Que pensez-vous de la Une de l'équipe de Samedi -va te faire enculer sale fils de pute- ?, l'auriez-vous publié à leur place ?"
Réponse : "C'est à la presse de se positionner, je ne peux pas m'exprimer sur ce sujet, voilà un sujet qui concerne la profession"
Question : "Domenech doit-il démissionner de la DTN ?"
Réponse : "C'est à lui de se positionner, il doit prendre ses responsabilités,je ne peux pas prendre une décision à sa place"


etc.

etc.

etc.

Langue de bois donc ? Non, tête de bois !

Haaaaaaaaaaaaa. Elle est nulle. Elle est insupportable. Haaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrggggggggggg.

Mais quelqu'un parmi vous avait-il suivi cette interview ? Sarkozy, le patron de Rama Yade, a-t-il entendu cette interview. Il est urgent de la débarquer.

Question : "Si vous étiez son patron, vireriez-vous Rama Yade ?"
Réponse : "C'est à lui de se positionner, je ne peux pas prendre une décision à sa place"


Réflexion annexe à cet article, j'en conviens, décousu. Nous invitons vivement le personnel politique à faire preuve d'un brin de retenue s'agissant du "fiasco" de l'équipe de France. Imaginez qu'un jour, on se rende compte qu'il y a plus de 2 millions de chomeurs dans ce pays et que la dette cumulée de la nation dépasse 85% du PIB que n'entendrait-on pas ....


nm.

mardi 22 juin 2010

Du Football et d'Alain Finkielkraut, première note de EB




Souhaitons la bienvenue à EB au sein de très prestigieuse rédaction du Blog d'Isaac (Il y a le NY times et nous ...). Et chers lecteurs, nous ne doutons pas une seconde que vous lui accorderez le meilleur accueil.

Tout comme Bernard Guetta, Alain Finkielkraut a réussi ce matin à m’intéresser au football. Il m’a convaincue du caractère indigne et révoltant de cette équipe, notamment en mentionnant ce joueur – faut-il le nommer?- exclu avant hier pour avoir traité son entraîneur de « fils de pute » au nom d’un égo susceptible et tyranique – entre autres. Ce même joueur avait réclamé déjà il y a quelques années que son entraîneur se mette à genoux et s’excuse s’il voulait qu’il revienne jouer dans l’équipe de France « dont il a n’a pas besoin ». Finkielkraut nous cite Gourcuff, le fils d’entraîneur venu d’un milieu plutôt aisé devenu le bouc émissaire de cette équipe de caïds qui fait régner sur le terrain et dans les vestiaires, l’esprit de la cité, de la caille-ra, pas celui des éducateurs qui essaient d’y insuffler de l’espoir, du respect, une certaine morale. Non cette équipe ne représente plus la France, pas parce qu’elle est black blanc beur ou parce que les joueurs sont de confessions religieuses et d’origines sociales différentes, mais parce que, encore pour citer Alain F. elle ne respecte plus ce qu’Orwell appelait la décence ordinaire. Il dénonce ce manque de respect, cette perte de valeur de la part de notre médiocre équipe de France.

Tout comme Bernard Guetta, Alain Finkielkraut ne m’a en revanche absolument pas convaincue – je dirais même qu’il a subitement perdu toute crédibilité à mes yeux- quand il a affirmé que par ailleurs le « Casse-toi pauvre con » était un détail, un emportement humain normal de la part d’un président de la république ; que le « Quand il y en a un ça va quand il y en a plusieurs… » de Brice Hortefeux était aussi une malheureuse petite maladresse sans conséquences entendue dans une sphère privée. Lui qui vient de nous démontrer qu’il fallait être attaché à cette décence ordinaire jusque dans les vestiaires (là où tout ce qui se dit l’intéresse et le concerne, à l’instar de ce qui se passe dans une salle de classe),il justifie d’un coup tous les débordements « off the records » de la part des représentants de notre pays. De même que lui qui est professeur ne répond pas dans un établissement scolaire de sa réaction contre un élève qui l’agresserait en lui disant par exemple « Me touche pas tu me salis ». Quelle brutalité, quelle violence, dit-il! Il vient donc se contredire en légitimant le même égo tyranique et susceptible qu’il dénonçait un paragraphe plus haut. Subitement au nom de l’institution (gouvernement, école) on peut dire n’importe quoi et s’emporter car il « sait trop ce que c’est qu’être un être humain ». Et pour paraître plus crédible dans sa flagornerie à l’égard de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement, il tempère en citant le « pas vu pas pris » de la première Dame de France à propos de la main de Thierry Henri comme un pavé dans la mare, quelquechose qui n’aurait pas dû être dit.

Monsieur Finkelkraut nous a construit une dissertation en direct, dont le sujet aurait été « La décence ordinaire : art de vivre ou luxe inutile? » En première partie il a développé la thèse « La décence ordinaire absolument nécessaire pour certains représentants d’un pays : l’équipe de France au mondial de foot en Afrique du Sud ». En seconde partie dans l’antithèse il nous a énoncé « les limites de la décence ordinaire : luxe futile et accessoire pour d’autres représentants de la France, des institutions : exemple du président de la république au salon de l’agriculture».

En guise de conclusion, il aurait sûrement dit: il y a représentants de la France et Représentants de la France. Oui mais comment faites-vous votre arbitrage ?Monsieur le philosophe, briguez-vous une place de « Henri Guaino de la Philosophie » aux côtés du président?

eb.

dimanche 20 juin 2010

De Taddeo Gaddi, un génie trop méconnu

Chappelle Baroncelli

Le calvaire de Santa Croce

Résurrection (collection privée !!!!)


Il n'est sans doute pas le plus célèbre des peintres italiens du Trecento. Elève de Giotto, Taddeo Gaddi serait né vers 1300 et mort en 1366.

Taddeo Gaddi est, je le crois, un passeur entre Giotto et la renaissance florentine à venir avec Masacio mais surtout, s'agissant de son héritage, de Fra Angelico.

Il a passé 24 ans auprès de Giotto. Et on retrouve sans surprise l'influence du maître : les visages "giottesques" qui laissent derrière eux les masques hiératiques de l'art byzantin, l'art de la composition.

Et annonceur de la renaissance Gaddi ? Pour tout vous dire, j'ai été bouleversé par le calvaire de la sacristie de Santa Croce. Il est impossible que Fra Angelico n'est pas pris cette oeuvre comme une sorte de diapason. Les couleurs, débarrasées du superflu, et surtout, le volume des corps qui semble surgir de la surface. 80 ans avant la trinité de Masacio et la chapelle Brancaci.

Où voir les oeuvres de Gaddi ? Essentiellement à Florence. Allez à Santa Croce et restez aussi longtemps que possible dans la chappelle Baroncelli, récemment restaurée qui est couverte d'un cycle de fresques représentant la vie de la vierge. C'est l'art florentin dans tout ce qu'on peut aimer. Un festival de couleurs et de lignes. Magnifique.
Toujours à Santa Croce, le fameux calvaire de la sacristie donc. Je le répète, sans doute l'une des plus belles oeuvres de Florence. Et enfin, l'arbre de vie qui recouvre l'un des murs du réfectoire.
On trouve d'autres oeuvres peintes aux Offices, à Madrid (fondation Thyssen-Bornemisza) , à Venise.

nm.

vendredi 18 juin 2010

De la nouvelle Star, Kylie Minogue et Ella Fitzgerald, courte note







Ce soir, Kylie Minogue la pop star australienne était en représentation sur le plateau du grand journal de Canal+.
Can't get you out of my head ? Si, si, ça ne devrait pas être bien difficile. J'ai eu l'impression de voir une image comme au ralenti. Incroyable chorégraphie : hyper audacieux. Ne pas bouger. Incroyable costumes des danseurs autour de la pop (star) : en slip, avec une moue très concernée. Et incroyable performance vocale. Ni en rythme, ni dans le ton. Vachement audacieux là-aussi.

En résumé, Kylie n'aurait jamais atteint la finale de la nouvelle star. Qui a été gagnée par ? Ella Fitzgerald ? Ha non ? Bizarre, vous avez dit bizarre ? Mémoire, vous avez dit mémoire ?

nm.

jeudi 17 juin 2010

De la retraite à 60 ? 62 ? 65 ? 67 ans ?, courte note


Avant de revenir dans les détails sur la réforme annoncée, je voudrais partager avec vous une question qui me chiffonne.

Les opposants à la réforme, qui n'ont pas attendu qu'elle fût rendue publique pour la combattre, focalisent essentiellement leurs critiques sur l'abandon de la retraite à 60 ans. Or pour beaucoup, aujourd'hui, la retraite est à 65 ans. Et, demain, peut-être 67 ans pour bénéficier d'une pension à taux plein.

Mais, visiblement, ça a échappé aux syndicats et au PS.

nm.

mardi 8 juin 2010

Des classiques masculins n°4, la cravate club Brooks Brothers


La cravate n'est pas morte. Elle n'est certainement pas une contrainte avec laquelle certaines professions doivent composer mais un accessoire qui complète une tenue.
Les bonnes adresses ne manquent pas. Les mauvaises non plus !
Laissons de côtés les made in china ou Pakistan, ou Bangladesh ...

Alors, les grandes manufactures ?
Charvet, place Vendôme.
Hermès, Faubourg St-Honoré
Marinella (dessin italien, fabrication anglaise), Riviera di Chiaia, Naples, & distribué à Paris au George V
Turnbull & Asser, St James Londres, & distribué en France uniquement par Internet

Et donc, Brooks et son fameux motif Club. Les amateurs ? Barack Obama, Ben Bernanke, JFK, DSK, Isaac, Far, 9mm.
L'effet est immédiat. Authorité et élégance. Masculin, avec un grand M.
nm.

samedi 5 juin 2010

De l'unanime condamnation de Tsahal


On peut dire que le monde entier parle à l'unisson. L'arraisonnement du bateau humanitaire par l'armée israélienne est unanimement condamnée. En plus c'est en eaux internationales que l'opération a eu lieu. Vous pensez donc ma bonne dame ! C'est affreux.

Ah oui, ce qui revient le plus souvent c'est ... intervention disproportionnée ...
Humm.
Right.
Au blog d'Isaac, fils d'Abrahm, prophète pour les Juifs et pour les Arabes, on se marre en assistant à ce déferlement de pseudo-indignations.
Et bien oui, les amis, c'est la guerre au Proche-Orient et ça fait 60 ans que ça dure.
Guerre Israelo-Arabe de 1948
Guerre des frontières 1949-1956
Guerre de Suez 1956
Guerre des 6 jours 1967
Guerre du Kippour 1973
Guerre avec le Liban 1982
Première Intifada 1987-1993
Deuxième Intifada on going depuis 2000
Conflit avec le Liban de 2006
Guerre à Gaza 2008-2009


En parralèle de ces guerres "visibles", il fau bien évidemment ajouter le terrorisme :
1949 : attentat contre une synagogue à Bagdad
1972 : attentat suicide de l'armée rouge japonaise à l'aéroport de Tel-Aviv
1972 : Septembre noir
Et la litanie sans fin des attentats du Hezbollah au Liban.
Et la litanie sans fin des attentats du Djihad islamique et du Hamas à Israel, au Liban ... En 2001 ? 35 morts. En 2002 ? 29 morts ...

On trouve donc très commode les indignations, les cris d'orfraies.

Bien sur que nous ne nous réjouissons pas de la violence. Mais nous la comprenons. Nous ne nous mentons pas. Importe peu d'ailleurs les responsabilités : poser la question de la faute est une très mauvaise question. Le fait est que c'est la guerre. Et que nous sommes de bien mauvais juges pour donner des leçons à Israel ou aux Palestiniens du reste.

nm.

vendredi 4 juin 2010

De la paix en Palestine – Israël (3)

Nous avons partagé ici l’histoire et la vie de Neve Shalom-Wahat Al Salam. Par cette expérience concrète et vivante, nous pouvons regarder les peuples palestiniens et israéliens par ce qui les rassemble plutôt que par ce qui les oppose. Et si nous envisagions de les voir comme des mêmes personnes ? Alors que la télévision nous imprime des images de haines irréconciliables, qu’en est il véritablement ? Et si pour un moment nous envisagions les choses autrement, ne redonnerions nous pas un peu plus de chance à une paix durable entre ces deux peuples ? Non ils ne sont pas semblables (par la religion, la tradition), mais sont ils si différents ? Et si le changement des regards avait le pouvoir de changer la vision ?

C’est le parti pris du très beau film « Local Angel » de Udi Aloni. A travers le parcours très personnel du réalisateur (juif exilé à New York, mère militante pour la paix et la création d’un état palestinien), la beauté des chants hébreux et arabes interprétés par le même chanteur, la brutalité du rap israélien et palestinien, les entretiens politiques et théologiques, nous découvrons que la question est ouverte : sommes nous si différents ?

L’auteur propose d’inventer un nouveau lieu pour résoudre cette question, et créer une paix durable. Un nouveau lieu pour accueillir cette paix. Un nouveau lieu établi en dehors d’une victoire ou d’une défaite. En dehors des jeux de pouvoir. Quelque chose de ce dieu faible qui meurt sur la croix. Non pas un dieu mort et éternel depuis toujours, mais un dieu mourant depuis toujours. Non pas un dieu qui demande que l’on tue en son nom, mais un dieu qui demande notre aide, notre compassion.
Un des sommets du film est l’entretien de Udi Aloni avec Yasser Arafat, pendant lequel le réalisateur demande pardon au nom du peuple juif pour les violences contre le peuple palestinien. Tout en symbole, sans aucun mandat, cet acte politique, militant, mis en vidéo est d’une puissance et d’une émotion rare. Non pas pour la réponse attendue d’Arafat au nom du peuple palestinien mais pour le nouveau champ qu’il ouvre dans le discours israélien, amorce différente d’un dialogue de paix.

Ne serait ce pas là un événement pour toute notre humanité ? Sur lequel s’appuyer encore et encore pour construire un monde de paix. Cet ange local n’est-il pas ton semblable avec qui te réconcilier, et sauver ton humanité ?

df.

jeudi 3 juin 2010

De faire du théâtre quand on n'en fait pas

Il fait chaud sous la verrière du centre culturel de Cesson-Sévigné. On attend pour entrer dans la salle de spectacle. Au programme : William Shakespeare.
"Caoutchouc ! Caoutchouc ?!" Dehors, un homme errant cherche son chien. "Beaucoup de bruit pour rien". Encore une nuit d'été en perspective...

L'alarme incendie s'est déclenchée. Tout le monde ressort du bâtiment pour attendre sur la petite place qui le devance.
On discute, on profite de l'air frais. Finalement c'est pas si mal d'être dehors.

Les responsables expliquent qu'un court circuit a eu lieu. Ils réparent... Les minutes passent. Certains s'impatientent. Un couple est au bord de la rupture derrière moi "Tu ne vas pas encore recommencer..."
Bonne ambiance. Une femme crie "c'est encore un coup des intermittents !" un syndicaliste répond. Ca fait marrer l'intello au cigarillos à côté de moi. Encore une nuit d'été en perspective...

La réparation est plus longue que prévue. Un acteur sort, puis un deuxième. Le technicien en cause également. Le ton monte. "Et c'est à ça que servent nos impôts ???" crie la femme.
Derrière moi, ça ne s'arrange pas beaucoup, le gars est parti. La fille pleure. Ambiance.

"Caoutchouc ! Caoutchouc ?!" Tiens, il n'a pas encore trouvé son chien ?

Re-alarme. "Mesdames, Messieurs, le spectacle est annulé... mais si vous voulez les comédiens peuvent répondre à vos questions" C'est marrant comme idée ça.
La prof de français est ravie à côté (elle ne pleure plus). Une étudiante aussi, qui pose des questions sur la difficulté d'apprendre son texte.
Le problème, là, maintenant, c'est l'acoustique. On n'entend pas bien avec ce brouhaha. Le monde tout autour, l'alarme, l'homme errant qui raconte des blagues...
En même temps il est marrant. Il fait du bruit, mais il est marrant. C'est pas si mal d'être dehors.

C'est dommage, d'après les comédiens, la mise en scène était originale, avec des vidéos projetées sur les murs d'un bunker, des costumes de guerre... Cela dit tous ne sont pas du même avis visiblement.

Finalement, ils décident de jouer dehors. On s'organise, en cercle. C'est mieux pour l'acoustique. Ils jouent, un peu... entre 2 interruptions, l'homme errant et sa guitare, le gars au cigarillos qui fait conférence sur Shakespeare.
J'apprends un truc intéressant : Shakespeare vit justement à l'époque où le théâtre quitte la rue pour entrer dans des murs. La situation est cocasse...
La prof de français accepte de remplacer une comédienne absente... Le technicien allume des feux à l'intérieur du cercle. La magie d'une nuit d'été. Finalement c'est pas si mal d'être dehors.

Le théâtre de la troupe 26 000 couverts n'est évidemment pas conventionnel. On y vient pour voir une pièce que l'on ne verra jamais. Ici tout est manipulation. Chaque spectateur peut être un acteur...
c'est un théâtre commando dont le but est de bousculer. Bousculer ces intellos qui courent écouter "Beaucoup de bruit pour rien" avec une mise en scène vidéo.
Qu'est ce que le théâtre ? Pourquoi le théâtre est-il dans les murs ? Qu'y a t il qui nous surprenne dans le théâtre que nous recherchons ?
Réflexion personnelle : ils n'auront pas proposé le théâtre à ceux qui ne vont pas au théâtre d'habitude, mais à défaut, ils auront dérangé ceux qui courent s'y enfermer.

Ils auront aussi aiguisé notre désir de poésie en jouant par bribes infimes des scènes merveilleuses. Le technicien joue David Bowie et son Slip Away sur un petit magnéto.

Juliette: Ô Roméo! Roméo! pourquoi es-tu Roméo? Renie ton père et abdique ton nom; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet.

Roméo, à part: Dois-je l'écouter encore ou lui répondre ?

Juliette: Ton nom est mon ennemi. Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme...
Oh! sois quelque autre nom! Qu'y a-t-il dans un nom? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède...
Roméo, renonce à ton nom; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière.

Roméo: Je te prends au mot! Appelle-moi seulement ton amour, et je reçois un nouveau baptême: désormais je ne suis plus Roméo.


On s'engouffre, on plonge dans la douceur des mots, la chaleur des émotions, nos pieds ne touchent déjà plus terre quand tout s'arrête "ah, ça fait bien 20 ans que j'ai appris ça !"
On l'aura compris, on n'est pas là pour s'envoler. Garder les pieds bien au sol. Pas le temps d'oublier la pesanteur. Ils sont sans pitié. On n'aura pas le droit aux 30s supplémentaires.
Ils ont coupé Slip Away avant le refrain.

Pourtant c'est une belle nuit d'été. On entend les oiseaux du soir. J'ai le sourire au lèvres. Mes pieds ne touchent pas tout à fait le sol. Je crois que ceux de ma voisine non plus.
Finalement c'est pas si mal d'être dehors.

df.

Puisqu'ils ont arrêté Slip Away avant le refrain, le Blog d'Isaac pose un acte de résistance. ci-dessous.

mardi 1 juin 2010

De la paix en Palestine – Israël (2)

Neve Shalom-Wahat Al Salam signifie "Oasis de Paix" en hébreu et en arabe. C’est le nom qu’a choisi une communauté installée sur une colline en bordure de la vallée d’Ayalon, situé à égale distance (30 km) de Jérusalem, de Tel Aviv et Ramallah. Un village établi conjointement par des Juifs et des Arabes palestiniens (chrétiens et musulmans), tous citoyens d’Israël. Fondé par le frère dominicain Bruno Hussar, petit à petit, Neve Shalom-Wahat Al Salam est devenu le village de deux peuples, israélien et palestinien. Son activité principale aujourd’hui est le travail éducatif pour la paix, l’égalité et la compréhension entre les deux peuples.

A l’occasion de la semaine mondiale pour la paix en Palestine – Israël, la rédaction du Blog d’Isaac a voulu faire connaître cette espoir, poussé depuis 40 ans, sur un bout de colline qui a vu tant de guerres et de violences. Né de la volonté d’hommes et de femmes de vivre la paix ici et maintenant. Indépendamment des états et de leurs stratégies, ces familles (aujourd’hui 50 foyers) ont choisi de vivre ensemble, convaincues que leurs différences, loin d’être causes de conflits, peuvent être, au contraire, sources d’enrichissement.

Elles veulent démontrer la possibilité de coexistence en développant une communauté sociale, culturelle et politique, fondée sur l’acceptation mutuelle, le respect et la coopération dans la vie quotidienne – chaque personne demeurant fidèle à sa propre identité nationale, culturelle et religieuse (système éducatif binational pour les enfants, un cadre pour la rencontre entre les deux peuples ("L’Ecole pour la Paix"), centre spirituel pluraliste ("Doumia - Sakinah" en photo ci-dessus)).

Neve Shalom-Wahat Al Salam est un lieu-source pour inventer un monde meilleur. Nous voulons croire qu’il en existe beaucoup d’autres.

df.

Bientôt un article sur un film magnifique, politique et théologique, au cœur de l’invention d’une nouvelle paix en Palestine – Israël.